Spectacle de théâtre musical écrit par Françoise Cadol et Stefan Corbin, mise en scène de Christophe Luthringer, avec Olivier Breitman, Ariane Pirie, Gaëlle Pinheiro, Arnaud Denissel, Christian Erickson, Françoise Cadol et Stefan Corbin.
Sur l'affiche de "L'hôtel des Roches Noires", un immeuble-vaisseau qui flotte sur la mer, vaisseau-fantôme abandonné de tous et voués au bulldozers, promotion immobilière oblige, mais également vaisseau-pirate ayant hissé le drapeau noir et dont les matelots sont des fantômes qui refusent d'être réduits à hanter un centre commercial.
A l'affiche, un spectacle de théâtre musical écrit par Françoise Cadol, pour le livret, et Stefan Corbin, pour la musique, qui fait office de conte pour grandes personnes et invite à se pencher sur l'âme et la mémoire des lieux chargés sinon d'Histoire avec une majuscule du moins des histoires de ceux qui y ont vécu, aimé et souffert.
La partition délicate et sensible de Françoise Cadol s'ordonne autour d'une trame dramaturgique composée de plusieurs intrigues croisées, qui s'affranchit des contraintes temporelles, mêlant le présent et le passé, et fait coexister le monde réel et un monde invisible pour le commun des mortels.
Elle est scandée par des intermèdes, pour lesquels Sophie Tellier a veillé à une chorégraphie chorale harmonieuse, qui font la part belle au chant avec des chansons qui, sans tomber dans la mièvrerie ou la lénifiance, permet aux personnages d'exprimer leurs émotions sur des mélodies romantiques dans l'air du temps.
Les belles lumières de Thierry Alexandre et la scénographie minimaliste de Sophie Jacob, une envolée de rideaux blancs et une porte à tambour, métaphore de la traversée du miroir, suffisent pour instaurer une atmosphère éthérée et fantastique propice à soutenir l'imaginaire qui constitue le cadre dans lequel Christophe Luthringer oeuvre efficacement à la mise en scène d'un spectacle d'excellente facture.
Sur scène, aux côtés de Stefan Corbin qui joue le rôle du pianiste de l'hôtel et assure l'accompagnement musical au piano et de Françoise Cadol qui incarne l'épouse défunte du promoteur dont l'âme est retenue en otage par un mari trop aimant, le public retrouvera des comédiens-chanteurs aguerris au théâtre musical.
Olivier Breitman campe avec conviction l'ex-trapéziste inconsolable reconverti en promoteur aux prises avec les malicieux fantômes incarnés par Christian Erikson, en lord anglais et écrivain raté, Gaëlle Pinheiro, en jeune fille amnésique et Arnaud Denissel, le dernier directeur de l'hôtel qui a sombré avec son établissement, auxquels se joint une nouvelle venue tonitruante, la fameuse Lala foudroyée sur la scène improvisée d'un camping, interprétée par la pétulante Ariane Pirie. |