Comme l'indique son titre, "Le dernier contrat" traite de la dernière mission tarifiée d'un tueur à gages free-lance qui consiste à tuer le président de la République.
Dans une France futuriste victime d'une crise économique sans précédent et plongée dans un climat de guerre civile, celui-ci est mandaté par un prêtre défroqué révolutionnaire dont les diatribes internautiques visent à attiser la rébellion contre les pouvoirs établis.
Mais ceci ne constitue qu'une simple toile de fond, telle une toile peinte de théâtre, simulacre de décor. Car il ne s'agit d'une intrigue ni politique ni policière, même si l'éxecution est prévue lors des festivités du 14 juillet qui suit la date fatidique du vendredi 13 qui entraînera peut-être quelque inattendu rebondissement.
Le vrai sujet du roman de Olivier Maulin concerne la dernière ligne droite d'un professionnel de la gâchette à bout de souffle, imbibé au whisky comme un baba au rhum maison, qui, comme tous les marginaux, aspire à la normalité d'une vie banale et ordinaire avec maison, femme et enfants.
De la vie passée et de la psychologie du bonhomme, le lecteur en saura bien peu. Solitaire sans affect, maniaque de la propreté et du rangement méthodique, narrateur clinique des faits et événements à la manière de certains autistes et armé d'un Sig Sauer P228, il promène une ahurissante silhouette en costume sombre, cravate noire, imperméable mastic et Stetson. Comme il n'en existe que dans les romans et films noirs.
Et du coup, exit la France de demain et bonjour la France des années 60 avec l'atmosphère des films policiers du réalisateur Jean-Pierre Melville, surnommé l'homme au Stetson, et du prototype du personnage qu'il y décline depuis "Le doulos" à "Un flic" en passant par "Le samouraï".
Atmosphère glauque et délétère, lieux gris, personnages fatigués, Olivier Maulin a la plume simenonienne et s'attache au portrait d'un homme en noir et blanc. |