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Olivier Poivre d'Arvor  (Editions Tchou)  janvier 2012

Tant le titre que le graphisme de la couverture noire et rouge peu policée évoquent ceux des opuscules syndicaux et/ou libertaires à destination de leurs militants, et, cependant, "Culture - Etat d'urgence" porte la signature d'une personnalité publique de l'establishment qui a pignon sur rue du boulevard de la culture.

En effet, son auteur est l'un des directeurs du service public audiovisuel français qui fut auparavant, pendant une décennie, ministre plénipotentiaire du Quai d'Orsay en charge de la politique culturelle à l'étranger.

Olivier Poivre d'Arvor, actuel directeur de France Culture y développe les pistes de réflexion esquissées en conclusion de "Bug made in france ou l'histoire d'une capitulation française", dans lequel il analysait le déclin du rayonnement de la culture française dans le monde comme le résultat d'une capitulation face à la guerre culturelle engagée dès les années 30 par les Etats-Unis sous la présidence de Franklin Delano Roosevelt.

Son but, "remettre la culture au centre du débat politique" dans un contexte où "les politiques actuels n'ont pas été construits par la culture" - ce qui tombe pile-poil en une année d'échéance présidentielle - dans un but désintéressé, mû par une conviction profonde et non, comme l'indiquent certains qui mettent en avant sa fonction de conseiller du candidat du Parti Socialiste, pour inspirer l'éventuelle future feuille de route attachée au maroquin de la rue de Valois, qui lui est déjà passé une fois sous le nez, et dont il reconnait qu'il s'agit d' "un des plus beaux postes de la République".

Avant d'entrer dans le vif du sujet, Olivier Poivre d'Arvor revient sur les circonstances franco-françaises qui ont favorisé "l'hyperpuissance culturelle d'un pays-continent-monde".

Si la France s'est laissée laminer tout en ratant, par ailleurs, le coche du numérique, la responsabilité en incombe à tous les acteurs culturels. Olivier Poivre d'Arvor arrose large et personne ne trouve grâce à ses yeux depuis les technocrates de Bruxelles, qui considèrent la culture comme une priorité dite négative, au corporatisme des professionnels de la culture.

Nonobstant l'hommage rendu à l'action positive de ceux qu'il élit comme phares de la culture dans la seconde moitié du 20ème siècle bien qu'au service de conceptions opposées - André Malraux, ministre de la culture de 1959 à 1969, chantre de l'administration étatique de la culture et créateur des fameuses maisons de la culture et Jack Lang, ministre de la culture de 1981 à 1991, apôtre de la décentralisation culturelle et créateur de la Fête de la Musique, il dresse un constat consternant.

Au niveau de l'Etat, il dénonce les politiques qui ne travaillent que peu au-delà de leurs fragiles mandats et l'absence de politique culturelle d'Etat qui a fait plonger la France dans le populisme à la suite d'un président "qui jette un jour aux orties un classique de la littérature française", "qui confond un magasin de fringues et un chef-d'oeuvre de Voltaire" tout comme il confond le sémiologue Roland Barthes, le gardien de but Fabien Barthez et l'animateur télévisuel Yann Barthès.

Il fustige également les monarches culturels mégalomaniaques qui ne se sont intéressés à la culture que comme moyen d'édifier leur statue de leur vivant, du Centre Pompidou au Musée du Quai Branly.

En prend également pour son grade le ministère de la culture, "simple structure de gestion d'un Etat d'intendance, ignorant l'anticipation comme le rebond tant il est absorbé par la politique de guichets, incapable de porter une vision culturelle, d'être vigilant y compris hors des frontières".

Et au plan international, "le message culturel de la France, conservateur et ronronnant est devenu inaudible au niveau international" notamment à cause de barbons conservateurs, les "fumaroliens" et les "jeanclairistes", véhiculant d'un "ethnocentrisme plus hérité de la puissance coloniale et de sa mission civilisatrice que de la tradition des lumières".

Comment rebondir aujourd'hui, l'enjeu du 21ème siècle étant, selon Olivier Poivre d'Arvor, de faire de la culture l'un des acteurs centraux d'une mondialisation réussie ? Et, en premier lieu de quoi s'agit-il quand est cité le mot culture ?

Abstraction faite des commentaires sur les nébuleux concepts à la mode (la culture-monde, l'identité culturelle, les médiacultures, l'exception culturelle, la créativité sociale, l'égalité des possibles, le vivre ensemble, la culture soft power, la macdonalisation des esprits...), il évite de se prononcer sur son contenu même s'il oppose souvent la culture dite patrimoniale et celle contemporaine et qu'il semble y inclure la langue française qu'il estime devoir être placée au rang des grandes causes nationales pour qu'elle soit reconnue comme langue officielle et de travail de l'Union européenne.

En effet, il ne définit la culture que par sa finalité avec des formules qui ressortissent au slogan parfois démagogique : "la culture est l'affaire de tous", "la culture est un bien d'absolue première nécessité", "la culture c'est le lien, la solidarité, la rencontre, l'appétit de la différence. C'est le beau partage, le transmis, le rêve réalisé", un bien national, puissant vecteur de reconnaissance identitaire et de fierté civique".

Et la culture française ? "La culture française c'est ce qui ressemble à la France et la rassemble". Dont acte. Le lecteur aura beau lire l'opuscule dans tous les sens il n'en saura plus.

S'agissant de l'avenir, il ressort de l'opus, un peu foutraque, davantage des orientations politiques et déclarations de principe que des solutions concrètes.

En premier lieu, pour Olivier Poivre d'Arvor, la nouvelle donne culturelle à la française qui doit passer par "l'ouverture du champ culturel aux réalités économiques technologiques sociales environnementales de la mondialisation et un projet culturel ambitieux fédérateur et moderne" s'inscrit dans une politique de civilisation telle que celle prônée son homologue philosophe Edgar Morin : "solidariser pour lutter contre l'atomisation et la compartimentation, ressourcer pour contrer l'anonymisation, convivialiser contre la dégradation de la vie et moraliser contre l'irresponsabilité et l'égocentrisme" ce qui ressort davantage à l'homélie savante.

Les grandes lignes peuvent se résumer en un credo trinitaire idéal sur le papier : un Etat engagé (avec un slogan quasi électoral : pas plus ni moins d'Etat mais "mieux d'Etat") et une décentralisation portée par des collectivités locales exigeantes et des partenaires privés qui ne se substituent pas à l'action publique mais enrichissent l'offre culturelle.

Pour éviter le jacobinisme culturel tout en maintenant le statut de service public de la culture, l'Etat se voit imposer une interminable liste de devoirs tous azimuths sans exercer de pouvoir de décision parmi lesquels entre autres : assurer l'égalité des services entre tous et l'accès à l'art pour tous, anticiper les évolutions, accompagner les innovations, pratiquer l'évaluation et l'expertise sur des sujets structurants, subventionner des projets inventifs mobilisant tout autant les créateurs que le monde éducatif et de la recherche tout en encourageant le financement privé, élaborer un plan d'alphabétisation numérique, compenser le rapport de force défavorable aux artistes et aux producteurs dû à la montée en puissance du numérique, garantir la diversité de l'offre...

Pour tout le reste, vive la métropolisation et la régionalisation.

Au plan concret, les solutions sont en nombre très limité dont les plus significatives sont une mission interministérielle entre ministère de l'Education Nationale et celui de la Culture, la création de campus culturels et l'instauration dans l'emploi du temps scolaire d'une demi-journée hebdomadaire consacrée à la pratique d'un art, à l'éducation, à l'image notamment dans les établissements les plus en difficulté.

Et de conclure : "La faisabilité de ce New Deal à la française repose simplement sur la force de notre désir". Amen.

 

MM         
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# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

et toujours :
"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché

Au théâtre

les nouveautés :

"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

et toujours :
"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14

Du cinéma avec :

"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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