Pas plus Émile que Paul ou Zooey, ces Deschannel ont deux n à leur patronyme, viennent de Saint-Etienne et le crient haut et fort à travers leur vocoder : la modernité est différente du progrès.
Modern isn't progress est un album electro quasi instrumental. Mais ne partez pas tout de suite, vous êtes bien sur Froggy's Delight et pas sur le fansite de David Guetta. Si je vous parle d'electro, imaginez bien qu'il ne s'agit pas de celle jouée par un décérébré mono-digital.
Non, au contraire, Deschannel ce sont avant tout des musiciens, et puis ils ne poussent à aucun moment de bêtes disques sur une platine.
Bien au contraire le duo, devenu il y a peu trio avec l'arrivée d'un batteur (oui carrément), fabrique ses propres sons. Mieux il les joue tout simplement, comme on joue de la guitare ou de la flûte à bec. Et ouais, de la vraie musique Messieurs Dames, comme je vous le dis ! Cela parait con, mais ce n'est pas si courant dans le domaine où il est si simple de préparer ses samples à l'avance.
Bien naturellement, on pense à Air à l'écoute de cet album, notamment sur des titres comme "Words should wound", sur lequel l'emploi du vocoder et la rythmique entre deux eaux (c'est-à-dire que l'on est partagé entre secouer la tête dans un mouvement lent mais sûr ou bien danser sûrement mais lentement) force la comparaison.
Mais cela pourrait parfois aussi rappeler Stereolab ou Lemonjelly dans leur façon de proposer à chaque morceau une sorte de voyage que l'on imagine forcément dans les airs, façon "je vole au-dessus du monde". "The worst thing of all" en est la parfaite illustration. Marqué par un jeu de batterie appaisant (oui c'est possible, Swell et quelques autres maîtrisent très bien le sujet), l'album semble doté d'une vie propre durant laquelle les notes de synthés laisseraient libre cours à leurs envies, soumettant les mains des musiciens à leurs désirs plutôt que l'habituel contraire.
Après l'expérience Jerri, en collaboration avec Angil (c'est de là que vient leur batteur, Flavien Girard), Laurent Holdrinet et Anthony Goncalves prouvent définitivement leur talent en même temps qu'ils démontrent qu'electro ne rime pas forcément avec mono neuronal, new age ou bpm à outrance mais plutôt avec, en vrac, mélodie, pop, voyage et créativité.
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