Seizième arrondissement, s'y côtoient les grands de ce monde, leur goûts pour les grandeurs, réelles ou factices, l'argent et le pouvoir ; mais aussi les parvenus, nouveaux-riches embourgeoisés, petits succès d'un monde obsédé par le succès, jusqu'à s'en abrutir, s'en entéléviser. Entre les deux, Mona Cabriole enquête sur des morts trop huppées – et retrouve une forme d'innocence.
Ex-chanteuse du groupe Lilicub (responsable du radiophonique Voyage en Italie, souvenez-vous : "Faire une virée à deux / tous les deux sur les chemins / dans ton automobile / tous les deux on sera bien") et déjà auteure de trois polars au féminin (Kill Parade, 2007 ; J'aime pas les actrices, 2008 ; Demande à mon cœur, 2010), Catherine Diran confirme avec ce nouvel opus des aventures de Mona Cabriole sa capacité d'auteur à s'approprier des univers qui ne sont pas les siens – y plongeant avec délices et malice son héroïne, aussi égarée qu'elle dans ce monde d'égarements.
Entre deux mondes, entre deux âges, entre deux musiques (d'une Nouvelle Star du rock à Beethoven, aller et retour), entre nuit noire et jours sans nuages, insouciants d'un bonheur au présent mais sans avenir, Catherine Diran multiplie les nuances, les demi-teintes, les glissements. Et l'on découvre une Mona plus fragile et sensible que jamais derrière sa gouaille et son culot.
Authentique polar aux mécanismes bien huilés, construit sur une intrigue fine et accrocheuse, Requiem pour Mona confirme donc, haut la main, tout le bien que l'on pense de la série, que les lecteurs suivent depuis quelques années maintenant avec toujours autant de plaisir. |