L'album In
a safe place d'Album Leaf nous
emmène dans un superbe voyage musical. Nous avions envie
d'en savoir plus sur son unique membre, Jimmy
Lavalle, un jeune américain passionné qui est
parti éprouver sa musique aux paisibles étendues islandaises.
Une brève et sympathique rencontre, un jour de promo...
Bien que vous soyez tout jeune, pouvez vous nous
résumer votre carrière ?
Jimmy Lavalle : Cela fait 10 ans que je suis sur
la scène musicale. Je viens du rock progressif, du punk,
jusqu'à maintenant où je fais de la musique plus atmosphérique
et mélodique. Mais à vrai dire je ne saurais expliquer
pourquoi j'ai fait tel ou tel style de musique. J'ai joué
dans des groupes aussi différents que
Locust ou Black Heart Procession.
Quand vous jouez avec ces groupes, êtes
vous simplement invité ou faites vous vraiment partie du
groupe ?
Jimmy Lavalle : Locust c'est le premier groupe
avec lequel j'ai joué, je jouais du clavier. Non pas que
je n'avais jamais joué avant mais avec ce groupe cela m'a
ouvert de nouveaux horizons, comme faire des disques partir en tournée
etc... Avec Go go go je jouais de la batterie et ce n'était
pas vraiment mon groupe, j'étais juste là pour la
batterie. Ensuite je me suis mis a écrire mes propres morceaux
et je voulais les jouer aussi ai-je quitté le groupe.
The Album Leaf est un nom inspiré d'une
pièce de Chopin, avez-vous une culture musicale, sur le plan
plus "technique" ?
Jimmy Lavalle : Oui car j'ai commencé à
faire de la musique dès l'âge de 4 ans. J'ai joué
du violon, des percussions. J'ai même intégré
un orchestre à cordes. Un orchestre d'école, pas un
grand orchestre. Et puis j'ai laissé tomber et je me suis
mis à la guitare. Mais c'est vrai que le nom du groupe vient
directement de ce morceau de Chopin.
Avez vous une passion pour la musique classique
?
Jimmy Lavalle : Oui j'aime beaucoup car quand je
me suis remis à jouer, notamment du piano, j'avais un faible
pour tout ces morceaux de piano un peu romantiques, et donc Chopin
et ce morceau The Album Leaf en particulier.
Parlons justement du disque. Comment s'est passé
la rencontre avec Sigur Ros et comment avez vous décidé
d'aller enregistrer le disque en Islande ?
Jimmy Lavalle : On est amis depuis plus de 3 ans
avec les gens de Sigur Ros, on s'est rencontré lors d'une
de leurs tournées aux Etats Unis. L'album lui, a été
enregistré entre août 2003 et février 2004.
donc il s'est passé pas mal de temps.
Et est ce que comme il est indiqué un peu
partout dans les articles, les chansons ont été écrites
en Islande, inspirée par le pays ?
Jimmy Lavalle : A vrai dire, la majorité
des morceaux ont été écrits aux USA mais c'étaient
des morceaux à moitié achevés. J'avais au départ
l'idée de les terminer avec un groupe, mais ça n'a
pas pu se faire pour des histoires toutes simples de planning des
uns et des autres. Certains ont plus de 2 ans, mais j'avais dans
l'idée de les finir différemment, j'attendais l'occasion
de les terminer.
Vous aviez donc dans l'idée de terminer
l'enregistrement en Islande. N'était ce pas difficile d'écrire
dans un environnement donné (les USA) des chansons destinées
à être enregistrées et inspirées d'un
environnement radicalement différent, plus calme, plus serein
comme l'Islande ?
Jimmy Lavalle : En fait l'environnement n'est pas
forcément si important même s’il a forcément
une influence sur nous. Je suis de San Diego et j'ai donc enregistré
ce disque en Islande et je pense que c'est plutôt un mélange
réussi. Ce sont des choses autant inspirées d'un coté
et de l'autre mais je serais bien incapable de vous dire lesquelles
(rires). Je sens que c'est là.
Cette façon de faire m’a sans doute
fait progresser en tant que songwriter. Cela étant si les
chansons avaient entièrement été écrites
et enregistrées à San Diego il est probable que les
morceaux auraient été identiques mais au final cela
aurait évidemment sonné différemment, ils n'auraient
pas du tout été traités de la même façon
sans doute.
Comment s'est passé l'écriture alors
et qu'elle est l'influence des groupes
islandais ?
Jimmy Lavalle : J'avais déjà écrit
l'ensemble des morceaux au piano ainsi que les quelques textes.
J'avais également une idée des arrangements mais ensuite
quand sont venus se greffer dessus Sigur Ros, Amina ou encore Mum,
cela a donné des harmonies et des mélodies assez différentes.
Une fois sur place, cela m'a permis de réarranger certaines
choses. C'est en fait une partie du processus créatif. Mais
dire que les morceaux sont simplement le résultat d'une influence
de Sigur Ros serait faux.
Pour tout dire, mes influences viennent de tout
ce que j'entend. A mon avis beaucoup de gens ont appris que j'avais
enregistré l'album en Islande et m'on tout de suite assimilé
à la scène islandaise sans chercher plus loin. C'est
vrai que j'apprécie Sigur Ros, que je suis fan mais c'est
une part de ma musique comme beaucoup d'autres choses. Pour conclure
sur l'influence de Sigur Ros, je dirais donc que ce n'est que )
moitié vrai (sourires).
Et concrètement qu’écoutiez-vous
lors de la composition de cet album ? Et actuellement avez vous
des coups de coeur ?
Jimmy Lavalle : En fait j'écoute beaucoup
de choses, je suis influencé par le folk de Nick Drake mais
aussi par l'électro de The Notwist ou la musique plus "ambient"
de Brian Eno. J'écoute énormément de choses.
Par exemple quand j'étais en Islande le pianiste de Sigur
Ros avait chez lui une assez impressionnante collection de disques
et j'ai écouté des tas de nouvelles choses, notamment
de la scène islandaise.
Toutes ces influences expliquent-elles votre participation
à de nombreux groupes ?
Jimmy Lavalle : En fait, à San Diego il
y a de nombreux groupes et on forme une petite scène. Aussi
il n'est pas rare de jouer dans tel ou tel autre groupe avec des
copains. Et c'est plutôt une chance, je ne vois pas me cantonner
à un seul style de musique. D'ailleurs mon album précédent
était plus diversifié, plus éclectique que
celui ci qui est plus homogène.
Pourquoi avoir choisi un nom de groupe, The Album
Leaf, alors que vous êtes seul ? C'est un concept ? Une possibilité
de jouer avec qui vous voulez par la suite ?
Jimmy Lavalle : Bon en fait je ne suis pas fan
des gens qui jouent sur leur propre nom, et puis je m'imaginais
mal signer mes disque Jimmy Lavalle, je veux garder un peu de mystère
(rires). Mais c'est vrai que je ne trouve pas cela super d'utiliser
simplement mon nom...
Le titre de l'album In a Safe Place semble également
quelque chose d'important et de réfléchi...
Jimmy Lavalle : Oui en effet, Pour moi ce titre
est un résumé de ce qui m'arrive actuellement. Je
suis maintenant sur un bon label, City Slang et sur Labels en France,
j'ai un bon soutien pour ce disque, je n'ai pas besoin pour le moment
d'avoir un autre job pour pouvoir vivre et je suis dans une position
plutôt confortable.
L'album est d'ailleurs plutôt optimiste,
sauf peut être le premier morceau, plus mélancolique....
Jimmy Lavalle : En fait ce morceau, je l'ai écrit
en Islande alors que j'étais dans la chambre ou je résidais
et j'avais un peu le mal du pays. C'est sur que les morceaux reflètent
un peu l'état d'esprit dans lequel je me trouve au moment
ou je les écris mais je ne suis pas un mec triste, de toute
façon. Beaucoup de musiciens prétendent que plus ils
dépriment meilleure est la musique qu'ils écrivent
mais ce n'est pas du tout mon cas (rires).
Vous comparez semble-t-il l'Islande avec Mars,
c'est vrai ?
Jimmy Lavalle : Oh oui ! Même si je n'ai
jamais été sur Mars mais c'est l'idée que je
m'en fais (rires). Mais la première fois que j'ai atterri
en Islande, les paysages ressemblaient à rien de ce que j'avais
pu voir auparavant. Les verts sont tellement verts, les bleus du
ciel sont tellement purs, il y a de grandes étendues de champs.
Ça ne ressemble sans doute pas à Mars mais en tout
cas c'est un endroit qui ne ressemble à aucun autre où
j'ai pu aller auparavant. C'est un pays étonnant. On se couche
après un jour froid mais superbement ensoleillé et
on se réveille le lendemain et tout est entièrement
recouvert de neige.
Comment vous êtes vous intégré au sein des
groupes avec lesquels vous avez enregistré ce disque ? Etiez
vous comme le patron ou bien était
ce plutôt une collaboration ?
Jimmy Lavalle : C'était essentiellement
une collaboration. Par exemple la violoncelliste est venu un jour
avec sa propre partition pour le morceau Eastern Glow et quand elle
me l'a joué cela m'a plu et c'est cette version qu'on a enregistré.
Alors bien entendu je savais ce que je voulais globalement, je donnais
des pistes, je le jouais sur un clavier et ensemble on trouvait
la meilleure façon de jouer les violons etc... C'était
une collaboration très ouverte. En fait tout s'est fait sans
stress, de façon très naturelle et sans heurt mais
c'est vrai que au départ sur le principe c'était moi
le patron (au sens ou j'avais la décision finale).
Au départ je suis arrivé avec mes
idées et durant une semaine j'ai fait un premier mix avec
seulement le piano, la batterie, la basse. Un truc assez rudimentaire
que j'ai soumis à tous ensuite.
Concernant le titre avec la voix du chanteur de
Sigur Ros, c'est un morceau composé sur place ou aux USA
avec l'idée de mettre la voix de Jon Thor Birgisson dessus?
Jimmy Lavalle : Non, enfin, si en fait, c'est une
chanson effectivement composée aux USA mais il y a quelques
temps, lors de la tournée de Sigur Ros en Amérique,
nous avions évoqué l'idée d'une collaboration
et c'est dans cet esprit que j'ai composé ce titre. Je l'avais
seulement composé avec un piano et quelques samples et j'ai
donné la bande a Jon Thor qui lui a posé sa voix si
particulière dessus (il imite une voix très aigue)
et me l'a rendu. C'était donc il y a environ 3 ans. Et puis
une fois en studio pour ce disque, on a ressorti cette bande et
j'ai ajouté ma voix dessus. En fait j'aime particulièrement
ce morceau car il implique tous les musiciens islandais qui ont
participé à ce disque.
Ce disque est extrêmement produit, avec
un son très propre. Allez vous jouer ces morceaux live et
dans quelles conditions ?
Jimmy Lavalle : Oui bien sûr que j'ai envie
de le jouer en live, définitivement !
Et avec quel formation jouerez-vous ?
Jimmy Lavalle : En fait j'ai un groupe avec lequel
je joue déjà depuis plusieurs années qui jouera
avec moi sur la tournée. Ce sont d'excellents musiciens et
contrairement à d'autres musiciens avec qui j'ai pu jouer
je n'ai pas besoin de passer tout mon temps à leur expliquer
comment jouer, faire comme ci ou ne pas faire comme ça. J'ai
entièrement confiance en eux et le feeling passe bien. Ils
ont beaucoup de talent et n'ont pas besoin de trop de temps pour
saisir un morceau.
Pas de Sigur Ros ou Amina sur la tournée
alors ?
Jimmy Lavalle : Hé non, peut être
qu'une des filles qui jouaient avec nous dans Amina aurait pu faire
la tournée avec nous mais en fait elle est encore étudiante
et c'est difficile d'organiser la tournée autour de ses contraintes
alors... A moins qu'elle nous rejoigne si on tourne en été.
On verra.
Vous venez de parler du groupe qui vous accompagne
sur scène de façon très élogieuse. Pourquoi
n'ont ils pas participé à l'enregistrement du disque
?
Jimmy Lavalle : Hummmm (sourires) non en fait
ça n'a pas pu se faire, mais il joue toujours avec moi et
le violoniste est sur ce disque d'ailleurs. Et puis il faut aussi
reconnaître que le coût du transport, de l'hébergement
une fois sur place est à prendre en considération
et je ne pouvais pas faire venir tout le monde en Islande. Mais
le prochain disque sera entièrement enregistré avec
eux sans doute.
Alors The Album Leaf va devenir un véritable
groupe...
Jimmy Lavalle : Oui pourquoi pas, je reste le
songwriter, j'apporte mes idées et mon point de vue mais
je reste très ouvert. Donc pourquoi pas ?
Maintenant que votre situation est donc plus confortable,
quelles sont vos ambitions, vos envies ?
Jimmy Lavalle : Je n'ai pas d'énormes ambitions
en fait. Je ne m'attend pas à des milliers de spectateurs
lors de mes concerts et je ne m'attend pas à vendre beaucoup
de disques. J'ai pas envie d'être ridiculement célèbre
sur MTV. Ce que j'ai actuellement me suffit bien, pourvu que je
puisse continuer à faire ce que j'aime. Pas envie d'être
une superstar. Moi ce qui me fait plaisir c'est de pouvoir m'acheter
une nouvelle voiture, c'est ce que j'ai fait, en fait. C'est une
ancienne voiture mais en super état.
Que représente la musique pour vous ? Un
divertissement, une thérapie ? quelle est sa place dans votre
vie ?
Jimmy Lavalle : Et bien du fait que j'en joue
depuis l'age de 4 ans, je dirais que la musique est toute ma vie.
Sans vouloir me prendre pour Jésus je dirais que c'est ma
Passion (rires). En fait c'est tout ce que j'aime, tout ce que je
sais faire d'ailleurs. Je ne vois même pas ce que je pourrais
faire d'autre, même si j'ai déjà eu des boulots
de merde mais il faut reconnaître que depuis mon plus jeune
âge la musique est tout pour moi et je n'ai vécu que
pour et autour de la musique d'une façon ou d'une autre.
La musique.... c'est ma vie.
Si vous ne disposiez que de 3 mots pour résumer
votre musique, quel serait votre choix ?
Jimmy Lavalle : Electronic, melodic, organic
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