Les artistes du street art affectionnent l'exercice imposée autour d'un objet.
Ainsi, par exemple, la Maison des Métallos avait présentée en 2008 l'exposition "400ml" réalisée à l’initiative de l’association le M.U.R (Modulable, Urbain, et Réactif) une collection de bombes aérosol standard relookées par les artistes dits "urbains".
En 2011, ils ont déclaré "présent" pour customiser une boîte à lettres dans le cadre d'une opération de restauration de la fresque peinte par Keith Haring sur le mur extérieur de l'escalier de secours du bâtiment de chirurgie pédiatrique de l’Hôpital Necker Enfants malades et d'aide au Musée en Herbe qui a pour vocation d’initier à l’art les enfants handicapés et les familles défavorisées.
Ces oeuvres sont exposées au Musée de la Poste dans le cadre d'une exposition intitulée "Paint B.A.L" à l'issue de laquelle elles feront l'objet d'une vente aux enchères le 1er mars 2012 organisée au sein dudit musée.
Cette exposition, organisée conjointement par le Musée de la Poste et le Musée en Herbe et réalisée sous le commissariat de Céline Neveux, permet de faire un tour d'horizon du street art à la fois historique et stylistique.
Paint B.A.L. : des boîtes à message ?
Né dans les années 80, le street art ne s'inscrit pas uniquement en réaction à l'art intellectuel et conventionnel ou comme questionnement de l'espace public mais comme une utilisation du lieu public comme galerie à ciel ouvert pour des artistes d'atelier face à l'ostracisme du monde très fermé des galeries d'art.
Leurs supports, les murs et le mobilier urbain, leurs médiums, la bombe de peinture, le pochoir et l'affiche mais aussi les outils du peintre en empruntant, support parfois oblige, ceux du peintre en bâtiment tel le gros pinceau et rouleau.
Ces artistes qui se sont rarement "attaqués" aux BAL de la Poste, qui sont plutôt la cible de taggeurs sauvages, ont donc eu l'occasion d'oeuvrer en toute légalité sur le mobilier de La Poste qui a mis à leur disposition différents modèles des fameuses boîtes jaunes.
Déclinaison de la fonction postale ou détournement, antropomorphisation ou exaltation du design, illustration ou appropriation, les approches sont multiples et ils sont tous là, pochoiristes et graffeurs, qu'ils se réfèrent à la figuration libre (Nassyo), l'art de la bande dessinée (Horfé), le pop art (Mister Brainwash), le lettrisme (Rero), l'art conceptuel (Sistebane), l'abstraction géométrique (L'Atlas) ou à l'art optique (Tanc).
Antropomorphisme avec la tête tribale de Da Cruz mais également celle "dirty comics" de Pure Devil et Choka (Pas de fumée sans feu).
Boite noire pour Skki Copyrighted, pionnier du post-graffiti, qui recommande de ne pas ouvrir la boîte de Pandore.
Parmi les vétérans les plus connus et qui ont toujours bon pied bon oeil, Speedy Graphito ouvre le bal, proclamant qu'il aime sa ville, avec un Mickey et une Minnie style première époque qui font du vélib sur une BAL pour l'au delà qui ne connaît que deux destinations : le ciel et l'enfer.
Autres pionniers, Jérôme Mesnager et Paella ont ouvert la BAL pour y insérer leur message.
Pour le premier, son emblématique homme blanc a trouvé son graal, le cachet de la poste faisant foi. Paella devenu "Paella Posterman" délivre plusieurs messages à double tranchant, politique et humoristique, via son homme à tête d'escargot depuis le port du préservatif à l'abstention électorale.
Trois générations d'une même famille artistique sont réunies. Au visiteur de réviser son histoire de l'art et de jouer à un jeu de piste pour apparier les styles et les sensibilités. |