L'introduction du nouvel album d'Errors, sonne comme du Mogwai. Mais du Mogwai de la dernière époque. Avec ce mélange de lointain synthétiseur monotone, de batterie indifférente, de guitares grasses. Est-ce parce que, depuis toujours, les Errors appartiennent à l'écurie du label Rock Action, justement fondé par les membres de Mogwai, suiveurs appliqués ? Ou est-ce Mogwai, en panne d'une certaine inspiration dans sa voie propre, qui s'est mis à regarder, l'air de rien, ce qu'avaient trouvé ses petits protégés ? À moins que ce ne soit, tout simplement, quelque chose dans l'air de Glasgow... ?
Je me souviens clairement que lorsque le premier EP de la formation était paru (How Clean is Your Acid House ?, 2006), j'avais été assez déçu. Ce n'était, tout simplement, pas assez post-rock pour moi. À cette époque-là, souvenez-vous, The Hawk is Howling pointait à peine le bout de son bec et l'on pouvait encore croire à un retour des guitares sur le champ de bataille écossais.
Six ans après, la scottish guitar army, sans être en déroute, a dû modifier sa formation de combat, adoptant des stratégies plus détournées, nuançant ses charges puissantes d'escarmouches synthétiques de bon aloi. La puissance alliée à la finesse d'une intelligence stratégique : posée, froide et calculatrice... La formule idéale, pour certains. Mais il faut bien reconnaître que l'équilibre des forces a changé car de son côté Errors a bien grandi : sept singles, deux EPs et ce troisième album qui bat son tambour de guerre. Tant et si bien qu'il semble que c'est de ce côté-là qu'il faut aujourd'hui attendre la décision sur le champ de bataille.
Post-rock mâtiné d'électro, certes, mais en un sens pop du terme, léger, sucré, aussi digeste que séducteur, Have some faith in magic déplace le combat sur un terrain nouveau, le dance-floor, et tente le rapprochement diplomatique avec Berlin. Cela sent, forcément, la cocaïne pour hipsters en costumes, les cocktails à l'open bar, le glitch, le glam et le fun. Et la nuit risque de durer longtemps. |