Spectacle de théâtre optique conçu d’après un roman de Lorris Murailet et mis en scène par Joris Mathieu, interprété par
Philippe Chareyron, Marion Talotti, Odile Ernoult et Marc Menahem.
Mieux vaut le savoir in limine, le spectacle "Urbik/Orbil à la ville comme à l'univers" proposé par la Compagnie Haut et Court, s'adresse à un public averti, non seulement doté d'un imaginaire puissant mais également féru de science-fiction et adepte d'expériences sensorielles, et plus précisément, comme l'indique le metteur en scène Joris Mathieu, de "narcose scénique".
En effet, ce spectacle s'inscrit dans le cadre des nouvelles formes théâtrales qui, d'une part, se veulent résolument interdisciplinaires - le spectacle multimédia qui, en l'occurrence, emprunte non pas aux nouvelles technologies mais à de vielles techniques, celles du théâtre optique plus que centenaire et de l'holographie - et d'autre part, s'écarte de l'approche textuelle spécifique au théâtre "pour ne pas sacraliser le théâtre comme quelque chose qu'on regarderait en permanence les yeux pleinement ouverts".
Sur ce point, la Compagnie Haut et Court entend y substituer "un endroit pour rêver qui permet à chacun de développer son Idios Kosmos, c'est à dire son univers singulier, son monde à lui, le droit à faire émerger ses propres rêveries".
Dans une société futuriste dirigée par un Big Brother planétaire et soumise à la surpopulation, deux hommes qui ont inventés des expansions habitables, les micro-mondes, considérés comme dangereux pour l'équilibre thermique sont condamnés l'un à l'isolement l'autre à la vie végétative.
Voilà pour la trame narrative d'obédience "space-opera", réduite à la plus simple expression, écrite par l'écrivain français Loris Murail, auteur de "Urbik/Orbik" inspiré d'un classique de la SF, "Ubik", écrit dans les années 60 par l'écrivain américain de science-fiction paranoïaque, schizophrène et héroinomane, Philip Kindred Dick né en 1928, et d'un épisode autobiographique, celle de la mort par inanition de sa soeur jumelle faute pour leur mère de pouvoir allaiter deux nourrissons tout en ignorant l'existence de l'alimentation par biberon.
Le spectacle comblera dont ceux qui agréent ces postulats de départ. Pour les autres, faute d'images novatrices et face au vide scénique d'un univers futuriste à peine esquissé dans la boîte conçue par Nicolas Boudier, les personnages à la voix atone de personnes placées sous neuroleptiques évoluant au ralenti et le jeu bien évidemment totalement désincarné des comédiens, Philippe Chareyron, Marion Talotti, Odile Ernoult et Marc Menahem, l'ennui risque d'être au rendez-vous avec en sus une possible migraine due à l'omniprésence de la bande-son stéréotypée composée par Nicolas Thévenet et constituée de grésillements et bruits industriels lancinants. |