Comédie dramatique de Jean-Claude Grumberg, mise en scène de Charles Tordjman, avec Pierre Arditi et Catherine Hiegel.
Quelques mois après le très décevant "H.H." qu'il avait de surcroît mis en scène, Jean-Claude Grumberg est de nouveau à l'affiche du Théâtre du Rond-Point avec un autre texte dont le sort a été confié à Charles Tordjman.
"Moi, je crois pas" est constitué d'une succession de scènes mettant en présence un couple de vieux bourgeois désoeuvrés, dont les seuls pôles d'intérêt commun sont ceux d'un troisième âge caricatural, à savoir les repas et la télévision, qui n'a plus rien à se dire et qui, en tout état de cauuse, ne partagent jamais le même avis sur rien qu'il s'agisse des flatulences post haricots ou de l'existence du yéti.
Ces scènes sont construites de manière stéréotypées : une réplique négative, celle du titre, engagée par l'homme à laquelle la femme répond par l’opposition. Un procédé qui justement en a les inconvénients majeurs, ceux de l'artificialité et de la récurrence, qui, sauf pour les amateurs de jeu "Tu préfères" ou de shortcoms, induisent une certaine lassitude et surtout la propension à anticiper les répliques facilement prévisibles sur des thématiques aussi convenues tels que le lobby juif ou le complot du 11 septembre.
Par ailleurs, Jean-Claude Grumberg a beau avoir ouvert les encriers de Jules Romains, Samuel Beckett, Eugène Ionesco et Roland Dubillard et, en faiseur aguerri, usé de bons mots, sa plume est un peu émoussée et le souffle aussi bien dramaturgique que comique manque à ce duo pour musique d'antichambre mortuaire et la joute existentialo-verbale des sexagénaires tourne un peu court sinon à vide avant une pirouette finale en guise dénouement.
Le spectacle vaut cependant par le jeu des comédiens, deux comédiens renommés et de talent qui, sous la direction rigoureuse de Charles Tordjman, qui ne retrouve donc pas ici la matière qui avait contribué au succès en 2009 à l'ébouriffant "Vers toi terre promise", érigent le texte en exercice de style.
Dans une scénographie minimaliste de Vincent Tordjman, white cube d'un appartement bobo hype, anonyme, froid, malgré les jeux de lumières colorées de Christian Pinaud, et sans âme, Catherine Hiegel, parfaite dans le faux détachement qui hésite entre l'idiotie et la perversité, et Pierre Arditi, toujours excellent dans l'ébahissement stupéfait, portent à l'excellence l'art de la la prosodie. |