Certains proposent des voyages en avion avec la Pan Am pour des traversées au long cours, d’autres, des courses en Testarossa et puis il y a Limousine qui propose un road movie cérébral intimiste et délicat !
Limousine est un quatuor français composé de Maxime Delpierre à la guitare, de Laurent Bradainne saxophoniste jazz influencé par Albert Ayler et Coltrane (mais pas que… puisqu’il a joué au sein de l’ensemble intercontemporain et qu’il est une des têtes pensantes de Poni Hoax) et du multi-instrumentiste (vibraphone, piano…) David Aknin et du claviériste Frédéric Soulard.
Leur solide bagage musical leur permet de sortir un premier disque éponyme au succès critique en 2006. Il faudra donc attendre 5 ans pour avoir une suite et quelle suite ! Délaissant les rives du jazz (n’en gardant qu’une certaine recherche sonore et qu’une sorte de liberté), Limousine nous emmène en territoire low–rock et post-rock, parvenant à associer minimalisme à la virtuosité, nous propulsant dans un univers cinégénique, une odyssée musicale où chaque instrument prend le temps de se déployer lentement mais sûrement !
Habiter le silence, mobiliser l’imagination de l’auditeur semble être le crédo de Limousine, qui préférant l’éclectisme nous fait rencontrer aussi bien Air ("Cosmos", "Au Revoir"), Yusef Lateef (la litanie "Drianke"), Terry Riley (le cubiste "Ondine" où effleure juste le souffle du saxophone) ou Grails (le sombre "The Reindeer" faisant écho aux sonorités de Deep Politics).
Ascétique, Limousine semble l’être, de loin, mais c’est pour mieux cacher un véritable savoir-faire en matière de composition et de maitrise instrumentale (le touché de David Aknin est juste impeccable !), et de nous plonger dans un rêve, à l’émotion palpable, contemplative où dansent les figures tutélaires que son Brian Eno ou Robert Wyatt (toujours une question de phrasé). |