Je me prends pour Springsteen, je chante habituellement dans un groupe de rock américain qui jouit d'une bonne réputation, je sors mon premier album solo, je suis... je suis... et bien Craig Finn, c'est écrit en titre de cette chronique, voyons !
Craig Finn est donc issu de la formation rock The Hold Steady dont nous vous avons vanté ici même les mérites à plusieurs reprises. Un rock à la fois puissant, très américain et aux textes très contextuels, sortes de saynètes, narrées par la voix elle aussi très américaine du sus-nommé Finn.
Clear Heart Full Eyes n'est pas si différent si ce n'est que les guitares sont moins incisives et l'ambiance encore plus... américaine ! On frôle parfois la country, on côtoie souvent un certain folk un peu terreux, les guitares restent lourdes et le rythme propice à se taper sur les cuisses. "Terrified Eyes" résume assez bien l'essentiel de ce que l'on pourra trouver sur le disque.
Très Springsteen, l'essentiel de cet album est tout de même favorable à ceux qui n'ont pas de difficulté avec la langue anglaise.
Craig Finn a la réputation d'être un bon conteur d'histoires et son album solo ne fait pas exception.
Pour ceux qui préfère l'impact du rock à l'exégèse des paroles, il reste l'ambiance très americano américaine de la musique et la voix particulièrement banale et à la fois marquante de Finn, piochant encore sur les terres grasses de Springsteen et le folk/blues texan.
Plus rock, "No Future" lorgne un peu du côté de Franck Black ou plutôt de Bob Mould pour la voix, sans pour autant se défaire de ces gros éperons attachés à ses bottes, même si le garçon clame son attachement à Freddy Mercury (le bel anglais moustachu n'étant pas tellement un modèle de parfait américain).
"Appolo Bay" fait même penser au regretté Calvin Russell et son blues nonchalant et "Western Pier", au tempo traînard, incite (invite) au voyage sur de longues routes chaudes et désertes.
Craig finn transpire l'Amérique, son album solo en est presque un hommage. Mais de cette Amérique que l'on aurait aimé connaître, celle promise dans quelques vieux films qui la dépeignent crasseuse, remplie de tous les possibles et de toutes les galères. L'Amérique de Springsteen, quoi ! |