Dans
trois ans, le monde est devenu fou. Tiré dans sa folie par
l’art.
Dans les années 2003-2004, l’art contemporain était
acculé dans une impasse : l’absolu de l’abstraction
avait goulûment gobé l’existence même de
l’art.
Un homme, que dis-je, un artiste sauve l’art contemporain
en créant l’art hyperdramatique. Cet homme, Bruno Van
Tysch, crée ses œuvres sur des êtres humains.
Ne prononcer surtout pas le mot de "body painting". On
en est loin.
Il y existe des écoles extrêmement élitistes
qui permettent à de simples humains de devenir des toiles
"humaines". Et c’est très difficile de devenir
un bonne toile : il faut pouvoir rester dans la position de l’œuvre
pendant 8 heures (temps d’exposition quotidien moyen), sans
bouger, évidemment, on est ensuite apprêté,
puis esquissé, et enfin, peint par un maître, on espère…
Vous l’aurez compris, Somoza pousse le parallèle
entre les différentes étapes de préparation
d’un œuvre et les épreuves subies par ces toiles
"humaines" à un point … inhumain, le tout
sur fond d’enquête policière.
La violence de la création n’est rien en regard de
l’objectivation de ces hommes et femmes, qui eux-mêmes
se nient en tant qu’individu et se considèrent comme
des œuvres en devenir. Quant à ceux qui n’ont
pas la chance d’être retenus par un maître…
Tout cela est vertigineux. Depuis que j’ai lu ce livre,
je regarde ma voisine peintre d’un œil très soupçonneux
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