En 2011, les Editions La Branche ont repris le concept de la série littéraire thématique destinée, en outre, à faire l'objet d'une adaptation télévisée qui avait été initiée avec "Suite noire", en hommage à la mythique "Série noire", et confiée en 2006 à Jean-Bernard Pouy.
Pour la série série "Vendredi 13", c'est Patrick Raynal qui a battu le rappel des troupes pour rassembler 13 écrivains de renom autour la date fatidique, support de multiples déclinaisons possibles.
Une contrainte imposée donc mais proposée comme un jeu dont l'éditeur Alain Guesnier présentait ainsi la règle : "entailler, pour se l’approprier, cette superstition quasi-mythique, à coups de plume et de cutter" pour "une date, un genre, 1001 possibilités". Slogan alléchant mais sur les cinq opus parus à cette date, force est de constater que les auteurs ne jouent pas vraiment le jeu et que, sur ce point, le lecteur peut légitimement être déçu par leur manque d'imagination.
Ainsi, pour Brigitte Aubert le jeu est davantage littéral autour du vendredi ("Freaky Fridays") et pour Michel Quint ("Close-up") et Pierre Bordage ("L'arcane sans nom"), le vendredi 13, retenu comme date de commission d'un assassinat, n'est revêtu d'aucune superstition particulière. Troisième catégorie avec Jean-Bernard Pouy ("Samedi 14") et Olivier Maulin ("Le dernier contrat") qui contournent la règle, la seule caractéristique du vendredi 13 pour eux étant de précéder le samedi 14.
Pour la salve de mars 2012, Pia Petersen avec "Le chien de Don Quichotte" ne déroge pas à ce constat et s'inscrit dans cette dernière catégorie tout en se démarquant puisque que la dates qui scellent le destin du personnage principal sont le jeudi 12 et le samedi 14, le vendredi 13 n'intervenant que comme nom d'un groupuscule de jeunes pirates idéalistes pratiquant le social hacking érigé en politique de redistribution des richesses.
Le lien entre les deux ? La cyber-attaque est intervenue dans le système informatisé d'une multinationale appartenant à un patron-voyou (joyeux pléonasme pour certains) dont le héros du roman est l'homme de main. En d'autres termes, un tueur titulaire d'un CDI, grassement rémunéré pour aplanir les difficultés et éliminer les obstacles.
Mais ce dernier vient d'être touché par la grâce qui se matérialise par l'adoption d'un chiot abandonné et la lecture d'un livre donné par curé éthylique, livre dont l'auteur ne révèlera le titre que dans les ultimes pages alors que le suspense est éventé dès la lecture du titre.
Cela étant, Pia Petersen livre un roman à la bien mince intrigue alors même qu'il aborde plusieurs thématiques. Mais abondance de biens nuit parfois.
En effet, Pia Petersen croise deux thématiques, au demeurant rebattues, pour mêler le classique et le moderne et tenter d'hybrider le psychologique et l'action.
D'une part, la figure classique du roman policier, celle du tueur à gages sans remords ni conscience, qui va connaître la révélation, en l'espèce par la voie littéraire, suivie de la rédemption dans la variante "justicier déçu reconverti en tueur qui retrouve le droit chemin" et, d'autre part, la figure aujourd'hui dépassée du héros du 20ème siècle, le hacker, qui connut ses heures de gloire dans les années 80-90, et qu'elle circonscrit d'ailleurs, bien loin du hackiste ou du cybercriminel, dans sa déclinaison la plus fade, celle de l'adolescent ingénu qui se complait dans la vie virtuelle, manipulé par une organisation aux multiples ramifications très vaguement évoquée.
Au final, un roman qui se traîne en longueur avec le dilemme du tueur et le pistage des pirates jusqu'au dénouement manichéen en forme de huis clos dans un troquet où l'hémoglobine va couler à flots. |