Réalisé par Julie Delpy. France. Comédie.
1h35. (Sortie 28 mars 2012). Avec Julie Delpy, Chris Rock, Albert Delpy, Alexia Landeau, Alex Nahon et Daniel Brühl.
Si l’on a vu "2 Days in Paris", on sera d’emblée content de se retrouver dans le petit monde de Julie Delpy.
Si on n’avait pas vu ce
film très personnel, pas plus que "Le Skylab", il faudra bien peu de temps pour rejoindre les petits camarades qui ne s’étonneront pas du “joyeux bordel” qui caractérise le cinéma de la blondinette découverte
aux commandes d’une moto dans "Mauvais Sang".
Le temps a passé depuis
qu’elle traversait les films de Godard, Carax, Kieslowski ou
Tavernier. C’est désormais une quadragénaire en pleine adolescence
prolongée, avec en main une caméra paradoxale, rêvant d’imiter le cinéma indépendant new-yorkais et dans le même temps se plaisant dans le pipicaca, marque de fabrique de la dynastie Delpy.
Dans "2 Days in Paris"”, elle entraînait son compagnon américain dans son petit monde parisien, le laissant hagard et ahuri devant ce défiléd’anciens petits amis et cette famille plus pétomane que mélomane.
Dans "2 Days in New York", ce sont les Français qui partent en Amérique et, même si, 11 Septembre oblige, le fromage et les saucissons sont interdits de Grosse Pomme, les "Frenchies" ne sont pas sans ressources pour faire péter les plombs yankees.
Entre temps, Miss Julie a changé d’Américain : au Blanc coincé a succédé un afro-américain (comme ils disent), bien né et obamolâtre, incarné à la perfection par Chris Rock.
La blonde Julie, que l’on a cru trop longtemps diaphane et éthérée, se révèle de film en film la digne fifille de son père Albert : toquée, mal pensante, paillarde, intello-chiante faisant semblant de se moquer des intello-chiants et portée sur la chose comme un sociétaire des "Grosses Têtes".
Évidemment on rigole, on est en empathie - surtout dans le match France-USA, dans l’affrontement transatlantique bon vivants-coincés du cul. Évidemment, comme dans les précédents films de Julie, à un moment ça coince un peu. Car c’est assez bourratif, le "bordel permanent".
C’est assez énervant une surdouée qui en fait trop. On cale quand elle se prend pour Sophie Calle. Et puis, malgré tout, elle réussit finalement à embobiner les grognons : il lui suffit, par exemple, de filmer la bonne trogne de son paternel, grand-père idéal quand il ne raye pas les 4 x 4, et veuf pas trop joyeux quand il évoque la maman de Julie, dont l’absence hante le film.
Au bout de ces deux jours, on ne pourra conclure que par une tautologie : Julie est Julie. On ajoutera qu’une heure de son cinéma foutraque vaut toutes les œuvres tardives de Woody Allen. On exagère, elle aussi : c’est comme ça qu’on l’aime. |