Shearwater est un groupe américain formé en 2001, dont le nom signifie en français puffin, c’est-à-dire un oiseau marin, le chanteur Jonathan Meiburg étant à juste titre diplômé en ornithologie.
Cela peut être intéressant de connaître la particularité de certains artistes, et de comprendre par exemple ce qui a motivé tel choix pour tel album.
Par exemple, on serait peut-être en mesure d’expliquer la genèse du quatrième album de son groupe, Palo Santo, que la critique salut comme un chef-d’œuvre incontestable (c’est aussi dans l’histoire de la musique la première fois qu’un groupe enregistre deux fois le même album dans deux maisons d’édition différentes). Mais je n’ai encore été le vérifier, préférant d’abord juger sur scène.
Ce groupe aurait donc une dimension écologique, ce que montrent d’abord les pochettes de ses disques. Par exemple le dernier album, Animal Joy, plutôt raté, représente en gros plan les griffes d’un animal sauvage. Couverture laide, s’il en est. Cela nous donne à penser aux disques appréciés, dont la couverture contredit l’intérieur : ils ne sont pas nombreux. Ici on se rend compte de la coïncidence entre les deux éléments. Quelques écoutes suffisent à confirmer le sentiment du concert, à savoir que cette musique, honnête, nous ennuie profondément.
"Honnête" parce que les intentions des auteurs ne sont pas mauvaises en soi, mais ce retour à la nature depuis les Fleet Foxes et autres Midlake finit par lasser. Le concert est assez répétitif, dans le fond comme la forme. On pense au chanteur de Talk Talk, Mark Hollis, influence évidente du groupe, mais qui dans le même registre avait été plus haut : voix assez proche de celle de Meiburg tendant vers une certaine épure, même exigence pop aux intonations jazz. Seulement là où Mark Hollis a séduit avec un minimalisme post-rock, la musique de Shearwater ne convainc pas. La voix sur scène est souvent couverte par deux guitares dont le niveau d’intensité reste élevé, les chansons sont assez homogènes, parfois pénibles (comme les titres "Immaculate" ou "Star Of The Age", irrecevables) . D’aucuns diraient qu’il a fallu muscler un son pour produire plus d’effets sur scène. Un peu à la Morrissey, qui n’a plus répété par la suite ce qu’il avait génialement atteint avec Vauxhall and I. Mais enfin, Morrissey avait encore de bonnes chansons.
En première partie, la canadienne Julie Doiron a présenté sur scène quelques-uns de ses meilleurs titres, croisement attendu mais libre entre Chan Marshall et Shannon Wright.
Ces influences ne fonctionnent qu’en accord avec un élément supplémentaire qui vient les enrichir, les prolonger, et par cela même leur donner une certaine légitimité.
Cet élément, en ce qui concerne Julie Doiron, correspond au dépouillement de ses chansons, à leur nudité malgré l’énergie qui vient les compléter. Le versant électrique de cette musique n’a pas suffi à masquer ni sa fragilité ni sa grâce, ce qui est une bonne chose. |