Réalisé par Dorothée Sebbagh. France. Comédie.
1h10. (Sortie 2 mai 2012). Avec Sophie Cattani, Moussa Maasicri, Laurent Lacotte, Aurélie Vaneck et Fabien-Aïssa Busetta.
Personne, parmi ceux qui l’ont vu, n’a oublié Marie Rivière dans "Le
Rayon vert". Eric Rohmer, le père du jeune cinéma intemporel, ne
cessait de lui mettre des bâtons sociologiques dans les roues de sonrêve de grand amour....
Un millénaire plus tard, les jeunes filles prolongées de trente ans et plus sont toujours en quête de l’homme idéal mais la "modernité" est passée par là avec ses énormes gros guillemets.
Désormais, on ne fait plus confiance à un soir d’été, une banquette d’autobus ou une file d’attente au restaurant universitaire pour se rencontrer. On passe par "Meetic" et ses déclinaisons, en l’occurrence dans le film de Dorothée Sebbagh, on parlera de "Meet Me".
Émilie, l’héroïne de cette recherche électronique est de cette génération qui croit devoir tout médiatiser par écran interposé. Cela donne à sa réalisatrice un bon prétexte pour faire ses choux gras scénariques avec le véhicule tout confort du site de rencontres qui lui permet de réussir un scénario estival, nonchalant et plein de surprises et de suspense.
Émilie arrivera-t-elle à dénicher sa perle rare ? Tous ces garçons si charmants et sympathiques qui répondent à ses avances numériques méritaient d’emporter la mise, mais le veulent-ils vraiment ? Et elle, le veut-elle ?
Car tout n’est qu’alchimie, affinités électives dans un Marseille cool et lumineux, aux lieux toujours bien choisis. Si Dorothée Sebbagh avait voulu travailler pour le syndicat d’initiative de la cité phocéenne, elle ne s’y serait pas prise autrement !
Elle est servie par une actrice qu’on a surtout vu au théâtre mais qui dégage en quelque plans une vraie sympathie qui rend plaisante les causeries avec la belle brochette de chevaliers-servants du net qui se succèdent autour d’elle.
Comme toujours, c’est le cheval même pas partant qui va gagner la course d’une courte tête et d’un beau voilier. On peut garantir que le spectateur ne devrait pas avoir quelque chose à redire à ce choix qui rendra tout sourire Mam’Zelle Émilie;
Dans un cinéma de brutes cinématographiques où il faut en faire beaucoup, Dorothée Sebbagh, comme Thomas Bardinet la semaine dernière avec son cher "Nino", prend un total contre-pied, prône de petites touches touchantes au lieu des gros effets démonstratifs, estime qu’il faut ne point trop en dire mais le dire bien.
En 70 minutes, Dorothée Sebbagh en dit finalement beaucoup et rejoint Sophie Letourneur et son "Marin Masqué" pour raconter le côté féminin des rencontres amoureuses. "Chercher le garçon", c’est d’abord chercher de quoi le cinéma des femmes peut être fait.
Avec "Chercher le garçon", Dorothée Sebbagh apporte sa pierre à un cinéma français pas plus complexé dans ses ambitions que dans son manque de moyens.
On peut se frotter les mains : depuis le début de l’année 2012 les films français intéressants se succèdent à bonne vitesse, et Froggy's Delight ne s’est pas privé de faire largement l’écho de ce qui ressemble à un frémissement pour réveiller le morne cinéma hexagonal.
Fers de lance de ce cinéma qui respire : "Un Monde sans femme", "Le Marin masqué", "Ce qu’il restera de nous", "Réussir sa vie", "Nana", "Nino" et cette semaine "Chercher le garçon".
On espère y voir une embellie et l’on attend la suite avec une réelle curiosité de cinéphile... |