Pour ceux qui l'auraient oublié, Daria était l'héroïne de la série d'animation du même nom, prototype de l'adolescente cynique et inadaptée, sans que l'on puisse bien dire si ce n'est pas elle qui aurait raison de refuser de s'intégrer à ce triste monde tragique.
La série avait largement de quoi faire oublier Beavis & Butthead, dont elle est un spin-off ; de quoi détrôner leurs altesses The Simpsons, dont il ne faudrait pas oublier qu'ils furent, il y a une vingtaine d'années de ça, pionniers de l'irrévérence dessinée télévisuelle). Mais, par un mystère médiatique, elle est restée injustement trop peu connue en France (quoiqu'elle soit tout à fait culte aux États-Unis, qui ont peut-être bien une longueur d'avance en ce qui concerne l'auto-dérision critique). On rappellera donc que la meilleure amie de Daria se prénomme Jane. Que Jane a un frère, qui se prénomme Trent. Que Trent joue dans le groupe Mystik Spiral (mais ils vont peut-être changer de nom), qui produit une musique punk-rock mâtinée de grunge poétique et contestataire.
Hé bien Daria, le groupe, pourrait bien ressembler à ces Mystik Spiral (en V.O, par pitié), c'est-à-dire à tout ce que les années 90 ont produit de plus énergique et premier degré comme musique électrisée. Avec plus de sérieux, on se rappellera aussi de Splendora (qui chantait, justement, le générique de Daria), de Hole, des Foo Fighters, de Weezer, des Pixies. Bref : tout une bande fort recommandable d'américains en débardeurs travaillant activement à votre surdité.
Le quatuor a beau être d'Angers, ce troisième album est tout à fait à la hauteur de ces références. Red Red livre ainsi onze titres urgents, puissants, qui ne réinventent pas le rock à biceps, mais lui donnent un joli moment d'existence, autour d'un formation classique (guitares, basse, batterie) et d'un enregistrement live, bourré d'énergie. |