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Sigrid Nunez  (13E note éditions)  mai 2012

13E Note Editions publient dans sa nouvelle collection poche "Pulse", "Sempre Susan - Souvenirs sur Sontag", un court mémoire écrit par Sigrid Nunez, romancière et essayiste américaine, à la mort, en 2004, de Susan Sontag.

Ouvrage de commande résultant de la compilation de deux textes antérieurs, un article commémoratif dans lequel elle évoquait les principes de vie de l'écrivain et de l'intellectuel selon Susan Sontag et un essai pour une anthologie intitulée "Mentors, Muses & Monsters : 30 writers on the people who changed their lives", l'opus, à la concision extrême, ne comporte certes qu'une centaine de pages mais est particulièrement éclairant.

Et cela tant sur la personnalité de Susan Sontag que sur celle de l'auteur qui y écrit beaucoup sur elle-même dans ce témoignage de première main qui la révèle également en creux.

Sigrid Nunez livre un portrait d'une acuité féroce sur l'essayiste et romancière américaine engagée politiquement et féministe devenue, grâce à ses essais sur l'art, la culture et l'esthétique publiés à la fin des années 60 et à sa vie de "party girl", une figure de la scène intellectuelle new-yorkaise à l'époque de la contre-culture, dont certains se souviennent peut-être du beau visage encadré d'une masse de cheveux noirs barrée d'une mèche blanche.

Acuité parce que Sigrid Nunez a partagé la vie au quotidien de Susan Sontag entre 1976 et 1978. Jeune promue de l'Université de Columbia qui souhaite se consacrer à l'écriture, analogie de situation pouvant générer une rivalité potentielle, elle accepte un petit job auprès de Susan Sontag, qui relève de maladie, pour l'aider à résorber un abondant courrier en souffrance. Entrant dans sa sphère privée, elle finit par vivre chez elle où demeurait également son fils dont elle sera la petite amie.

Férocité parce que le récit est sans concession tant en ce qui concerne la femme que l'écrivain : si elle reconnaît le talent de l'essayiste, en revanche, elle ne manifeste aucune estime ni pour la femme, ni pour l'écrivain, ni pour la mère.

Par ailleurs, au plan strictement personnel, si elle reconnaît l'importance de cette rencontre, elle n'est pas en situation de jeune écrivain sous son influence : "Parmi tous les livres recommandés par Susan, je ne me souviens pas d'un seul livre que je n'ai été contente d'avoir lu. J'aurais pu lire n'importe quoi du moment qu'elle me conseillait de le lire. Mais quand il s'agissait d'écriture, c'était une autre affaire".

Elle ne trouve admirable ni son utilisation de la langue, ni son style de ses deux premiers romans "qui avaient sombré dans l'oubli" et se montre très circonspecte sur les autres aspects de son oeuvre : "Toutes ses nouvelles avaient été publiées, difficile cependant de savoir si certaines étaient prises à cause du nom de leur auteur ou de leur qualité. A leur parution, la réaction des lecteurs n'avaient rien à voir avec les chaleureuses éloges saluant généralement ses essais. Et lorsque Susan s'était tournée vers le cinéma, l'accueil s'est révélé encore plus froid").

Sigrid Nunez est donc plutôt avare de louanges et même quand elle s'aventure vers l'éloge, une pointe de fiel est toujours mêlée à l'encre de l'admiration, qu'il s'agisse de l'humour de Susan Sontag, "ce qui explique son large cercle d'amis et de connaissances" s'empresse-t-elle d'ajouter, ou de son écriture : "L'écriture de Susan était vibrante, saisissante ; elle débordait de ce qu'on aime appeler des idées provocatrices, hardiment exposées".

Les constats sont édifiants et les défauts font litanie.

Obsédée par la jeunesse ("Susan a toujours gardé l'allure et les habitudes d'une étudiante. Elle est toujours restée jeune, du moins dans sa tête"), elle éprouvait une peur maladive de la solitude, ne pouvant rien réaliser seule ("Elle aurait préféré sortir diner avec quelqu'un dont elle n'appréciait guère la compagnie plutôt que de rester seule") et manifestait une hyperactivité maniaque.

Sigrid Nunez évoque également une mélancolique capable de fureur noire qui pouvait devenir violente ("Dans son cercle d'intimes, il y avait toujours au moins un, ou une, souffre-douleur, sur qui elle tapait, tapait, tapait").

Pour les défauts, outre l'égocentrisme, la liste est longue et conforte la réputation de monstre d'arrogance et d'irrespect qui l'accompagnait.

Aux premiers rangs desquels la mauvaise foi ("Susan disait qu'elle avait perdu dix ans ceux précédant sa première publication du fait de son mariage et de la naissance de son fils. C'est un peu fumeux car à cette époque, elle ne s'occupait pas de David et passait une bonne partie de son temps seule").

Et puis, la suffisance ("Je n'ai jamais eu de mentor affirmait-elle. Pourtant, le professeur d'université [Philip Rieff sociologue et enseignant à l'Université de Pennsylvanie] qu'elle avait épousé à l'âge de dix-sept ans avait bien dû lui apprendre quelque chose"), le goût de l'affrontement qui lui servait d'exutoire et le besoin d'humilier l'autre qui résultait d'un mécontentement chronique lié à l'accueil réservé fait à ses oeuvres de fiction.

Et surtout, un élitisme contestable ("Ce qui comptait avant tout à ses yeux, c'était l'intelligence - car inutile de le préciser, Susan était élitiste. Si on avait du goût et de la curiosité intellectuelle, on n'avait même pas besoin d'être intelligent. Et pour être superbe, on n'avait pas besoin d'être intelligent du tout").

Enfin, s'agissant de la mère, Sigrid Nunez a sans doute fait les frais de la nature passionnelle et complexe de la relation de Susan Sontag avec son fils, une mère qui s'imposait dans le couple en venant dormir avec eux.

Voilà un terrible linceul pour Susan Sontag. Mais pas plus que l'épitaphe de Elizabeth Hardwick, écrivain, critique et co-fondatrice de The New York Review, qui a été le professeur de Sigrid Nunez : "Rien ne peut nous émouvoir davantage que de penser à tout ce qu'elle manquera, happenings, ballets, opéras, films".

Le monde impitoyable de la littérature...

 

MM         
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