Seul en scène écrit et interprété par Geneviève de Kermabon.
"Pièce intime et spectaculaire pour un personnage à visage multiple écrite à partir d'interviews d'anonymes sur le désir amoureux et de fragments de récits de Grisélidis Réal" : ainsi Geneviève de Kermabon présente son seul en scène intitulé "Sous ma peau".
Transposer la parole en texte et mettre le texte en chair, surtout avec une thématique dans laquelle se côtoient nécessairement le crû, l'érotique et le poétique, tient de l'exploit notamment quand, de surcroît, l'intime y est livré.
Il faut de l'intelligence, de la finesse et de l'empathie pour échapper aux écueils que sont le voyeurisme, la trivialité et l'obscénité en traitant du désir amoureux, contraction d'un couple infernal, à l'image d'éros et thanatos, celui que forment le désir sexuel et le sentiment amoureux.
Pour porter cette parole confiée qui s’est instillée comme elle le dit sous sa peau et a connu une transmutation par capillarité avec son propre vécu, elle a créé des créatures scéniques qui permettent autant la distanciation que l’identification.
Dans une partition aussi téméraire que réussie qui ressortit à la performance, Geneviève de Kermabon, comédienne et circassienne, use de l'incarnation théâtrale, du théâtre de marionnettes, du cirque, de la pantomime, du butō et du masque pour faire tourner ce "manège du désir" qui chemine à travers une galerie de portraits de femmes aux vécus différents mais qui sont toutes des avatars d'une même figure de femme aux prises avec son désir et surtout le désir masculin qui se confond souvent avec la mécanique du sexe.
Fine silhouette, visage menu et sans fard sous une crinière flamboyante qui s'enflamme sous les lumières voluptueuses de Pascal Sautelet, fregoli aérienne et magique, à la fois narratrice, témoin et actrice de ses métamorphoses, elle se transforme de l'une à l'autre, de la jeune femme au désir refoulé à la vieille prostituée amoureuse en passant par la fantasmatique poupée pour adulte, en dévidant les costumes, les pantins et les masques qui se répondent.
Un spectacle intelligent, créatif et sensible, subtil et drôle, teinté d'un humour roboratif, qui explore les vertiges du désir à l'aune du réalisme symbolique. |