Réalisé par Gary Wiesen. Etats-Unis. Romance. 1h24. (Sortie 24 mai 2012). Avec Michael Angarano, Freddie Highmore, Elizabeth Reaser, Sam Robards et Emma Roberts.
Alors qu’approche le Festival de Cannes avec ses faux scandales, ses grands films périssables et ses habitués bien partis pour rater une nouvelle fois la Palme, c’est à une bluette que Froggy's Delight s’intéresse aujourd’hui.
Une bluette new-yorkaise entre ado surdoué en dessin ne faisant pas ses devoirs et jeune blonde du type de celles qui sont parfaites pour rendre conformistes les lycéens marginaux.
À proprement parler, "Le jour où je l’ai rencontrée" de Gary Wiesen n’est pas un film de collège, même si l’action se passe souvent dans l’établissement extrêmement sélect où il n’est pas question de tarte américaine et de potacheries de ce niveau. Ici, on peut se faire exclure pour avoir fumé une cigarette et le proviseur, faussement cool avec ses petits airs obamesques, fait régner la loi et l’ordre scolaires. Parmi ses privilégiés destinés à jouer les premiers rôles une fois en âge de les tenir,; le héros a la singularité d’être encore vierge et pas hanté par la réussite.
Nonobstant la description d’un milieu peu représentatif de l’Amérique statistique, Gavin Weisen perçoit quelque chose de l’époque et restitue cette perception avec une belle sensibilité. S’il faut se préoccuper de son avenir, il faut surtout développer ses potentiels, faire des choix de cœur plus que de raison, être vraiment soi-même et ne pas chercher à se cacher derrière les apparences.
On aura raison de penser que tout ça n’est pas très radieux ni rigolo et que "Le jour où je l’ai rencontrée" fait l’éloge des valeurs refuges d’une bourgeoisie bienveillante. On y préfère les tableaux figuratifs aux monochromes, on y évoque les films de Louis Malle et l’on se soumet sans illusion mais sans acrimonie aux fêtes traditionnelles.
Souriant et préoccupé, rêveur et attentif, attendant l’avenir conjugal en écoutant en boucle Leonard Cohen, Michael Angarano apparaît comme l’ado idéal de cette seconde décennie de ce troisième millénaire. On aimerait le suivre de films en films pour voir où va atterrir la génération qui se prépare à plonger dans le grand bain d’un monde sans savon et dans lequel l’eau se trouble de jour en jour.
Va-t-il se déjanter, se révolter, rentrer dans le rang ? "Le jour où je l’ai rencontrée" montre une Amérique à la croisée de nouvelles routes. Où mènent-elles ? Le film ne le dit pas. Il est cependant àl’écoute d’une jeunesse qui s’inquiète.
Laissons là préférer les bluettes aux bleus à l’âme et n’en demandons pas trop à ce cinéma qui n’étale pas ses ambitions. |