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Musée Marmottan Monet  (Paris)  Du 8 mars au 1er juillet 2012

Le Musée Marmottan Monet, qui détient la plus grande collection d’œuvres picturales et graphiques de Berthe Morisot lui consacre une exposition monographique qui s'avère être la première rétrospective présentée à Paris depuis 1941.

Première femme peintre à rejoindre le groupe des impressionnistes, son nom est davantage associé à celui d'une muse et éclipsé par le renom de ses homologues masculins qu'étaient Renoir, Manet, Degas et Monet.

Le commissaire de l'exposition, Jacques Taddei, directeur du Musée Marmottan Monet, et ses collaboratrices, Marianne Mathieu et Lauranne Neveu, en retracent l'oeuvre de manière chronologique avec un conséquent florilège de peintures et d'aquarelles ainsi que d'oeuvres graphiques, pastels, sanguines et fusains.

Berthe Morisot, peintre en son siècle

"Tant de clairs tableaux irisés, ici, exacts, primesautiers, eux peuvent attendre avec le sourire futur, consentiront que comme titre au livret qui les classe, un Nom, avant de se résoudre en leur qualité, pour lui-même prononcé ou le charme extraordinaire avec lequel il fut porté, évoque une figure de race, dans la vie et de personnelle élégance extrêmes. Paris la connut peu, si sienne, par lignée et invention dans la grâce."

Ainsi commence, rédigée par le poète Stéphane Mallarmé, ami du peintre qui fut le tuteur de sa fille, la préface au catalogue de l'exceptionnelle exposition posthume organisée en 1896 chez le marchand d'art et collectionneur Paul Durand-Ruel.

Comme pour cette exposition, en titre au Musée Marmottan Monet, seul le nom de Berthe Morisot pour une rétrospective qui s'ouvre sur des portraits du peintre réalisés par Edouard Manet qui célèbre la beauté "espagnole" toute d'ombre et de lumière de la femme en noir aux yeux ardents et mélancoliques.

Une femme qui a reçu une vraie formation de peintre autant qu'il était possible en son temps où la gent féminine n'était pas admise à l'Ecole des Beaux Arts et qui s'est beaucoup consacrée aux portraits féminins, celui de sa soeur Edma immortalisée en jeune fille à sa fenêtre, en liseuse ou en jeune fille en fleur sous les lilas à Maurecourt et les dames de la Grand Rue, femmes en cheveux parfois alanguies.

Et surtout sa fille Julie pour laquelle elle réalise un véritable album pictural de l'enfance à l'adolescence "Julie et la levrette" et "Julie rêveuse" entourant un portrait de Julie par Renoir.

Berthe Morisot décline à l'envi les thèmes de l'enfance et de la féminité aussi bien dans des scène d'intérieur, de l'intime (la jeune femme devant le miroir, à sa toilette) à la quiétude des salons bourgeois où la vie quotidienne était rythmée par la lecture, la musique, la broderie, que dans des activités de plein air comme le canotage au Bois de Boulogne avec son lac propice aux jeux de lumière sur l'eau ou à l'ombre des jardins privatifs chers aux impressionnistes avec leurs massifs floraux et leurs vergers.

Stéphane Mallarmé, encore dans la même préface: "... l'humanité exulte, en tant que les chairs de préférence chez l'enfant, fruit, jusqu'au bouton de la nubilité, là tendrement finit cette célébration de nu, notre contemporaine, aborde sa semblable comme il ne faut l'omettre, la créature de gala, agencée en vue d'usages étrangers, galbeuse ou fignolée relevant du calligraphe à moins que le genre n'induise, littérairement, le romancier ; à miracle, elle la restitue, par quelle clairvoyance, le satin se vivifiant à un contact de peau, l'orient des perles, à l'atmosphère : ou, dévêt, en négligé idéal, la mondanité fermée au style, pour que jaillisse l'intention de la toilette dans un rapport avec les jardins et la plage, une serre, la galerie".

Et le paradoxe de la peinture de Berthe Morisot tient à ce qu'elle semble saisir sur le vif les moments privilégiés de joie élyséenne en symbiose avec une nature heureuse en un éternel été alors que, comme le démontre l'exposition avec les dessins et aquarelles préparatoires il résultat d'un vrai travail de recherche picturale dans le cadre de l'esthétique impressionniste.

Tel est le cas pour "Le cerisier" et "Bergère nue couchée".

La commissaire Marianne Mathieu rappelle que les scènes de genre, et surtout la peinture de paysage à la limite de l’abstraction que le public connaît sans doute moins encore, reflètent la singularité de son art qui tient à la maîtrise des jeux de transparence, hérités de la technique de l'aquarelle, à une palette chromatique personnelle basée sur les couleurs pastel, inspirée de la peinture française du 18ème siècle, et la synthèse entre entre le dessin de Renoir et la dissolution des formes de Monet.

En "floutant" ses tableaux, Berthe Morisot invite le regard au mécanisme de mise au point pour déceler l'essence des choses derrière le souvenir de ce qui est passé et dont elle a saisi une impression, "une attitude de Julie, un sourire, une fleur, un fruit, une branche d’arbre" comme elle l'écrit dans ses carnets.

 

En savoir plus :

Le site officiel du Musée Marmottan Monet

Crédits photos : Yves Forestier (exposition Berthe Morisot - Musée Marmottan Monet, Paris)
avec l'aimable autorisation du Musée Marmottan Monet


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