Il fait beau, il fait chaud à Saint-Brieuc, c’est enfin la fin du mauvais temps, déjà presque les grandes chaleurs pour l’un des premiers grands festivals de l’année. Et pourtant, tout commence mal.
Pour tout accrédité à un festival, les trente premières minutes sont les plus éprouvantes : il faut récupérer son badge, vérifier que tout est en ordre et surveiller les éventuels changements de programme. Malheureusement quand le badge est introuvable, que le pass photos n'est pas là et que le spectacle du soir n'est pas accessible, les choses se corsent. Ce sera donc un Art Rock light presque sans photos pour cette année. Faisons donc de mauvaise fortune bon cœur en allant visiter les lieux moins connus et tout aussi attirant que la grande scène de Poulain Corbion.
À commencer par le Musée des arts numériques avec l'impressionnant montage de Du Zhenjun, Perturbation qui s'anime quand on appelle le numéro affiché près de l’oeuvre, démontrant l'agitation générée par les nouveaux moyens de communications. Dans la salle attenante, une navigation 3D est réalisée en temps réel sur des données météorologiques et en fonction de la position du spectateur. À l'étage, The transfiguration de Matt Pyke montre la marche infinie d'un monstre anthropomorphique passant de l'homme de pierre au doudou poilu en passant par une vapeur intriguante. Le lieu est toujours aussi surprenant.
À la passerelle, après la projection d'un reportage Arte sur Paul Smith, et en attendant une Ballade pour la reine de Don Kent, la charmante Nadéah et son groupe proposent un élégant concert dans le forum. Sensations folk 70s, trémolos, avec de gros passages rock pour démarrer énergiquement la soirée dans la fraîcheur de la salle.
19h30, l’heure d’un petit en cas gastronomique avec un Turlututu, burger corse composé par Thomas Dutronc dans le cadre des excellents Rock’n’toques, réunions des grands chefs de la région pour une cantine haut de gamme qui devient année après année l’une des raisons de ne plus manquer un seul Art Rock. Une glace banane à la framboise complètera le menu avant de se rendre dans la grande salle comble pour Panorama, la rétrospective Decouflé.
Difficile de raconter le spectacle tant il explose de facéties, de talent, de plaisir pour le spectateur : la salle est comble et attentive à l’humour de la troupe. 4 garçons et 3 filles, des élastiques, des ombres chinoises, des castagnettes. De la première oeuvre de 1981, Jump, à Coeurs Croisés déjà présenté à Saint-Brieuc, tout est revisité et permet de profiter des courtes saynètes retraçant le parcours du chorégraphe.
Passage devant la grande scène où Charlie Winston n’en finit plus de savoureux son plaisir avec ses fans les plus accros. Suivront les plus attendus de la soirées, Dionysos. Le dernier album décevant pouvait faire craindre un concert axé sur le Bird’n’roll. Ce ne sera pas le cas. Les lutins de Valence arrivent en sautillant, leur énergie intacte pour multiplier les anciens titres. "Don Diego 2000", "La métamorphose de Mister Chat", "Coccinelle", "Song for jedi", tous les tubes les plus remuants seront proposés au public réchauffé dans cette nuit de fin de printemps. On a beau les voir et les revoir encore, ils restent l’un des groupes français les plus habiles sur scène.
Comme d’habitude, même si tout n’est pas rose, on est tellement bien à Art Rock. |