Le deuxième album de 49 Swimming Pools décrit la vie d’un Américain du XIXe siècle. Dommage que ces chansons soient en anglais, comme si c’était une règle que la langue privilégiée de la pop fût nécessairement l’anglais.
Pourtant, Emmanuel Tellier a montré lui-même, dans les années 90 avec le groupe Chelsea, les effets que pouvait produire le français. A cette époque, les albums de Chelsea entretenaient une certaine relation avec le style des Smiths : même élégance mélodique, même dérision, même air frondeur. On peut le penser encore aujourd’hui ; et s’il est possible de mesurer le chemin parcouru depuis l’important Tramway de Chelsea (la production des 49 SP est plus aboutie, et le son meilleur), on regrette toutefois que l’influence des Smiths ait été remplacée par celle d’Arcade Fire. Ceci dit la voix de Tellier, elle, est restée intacte, ce qui n’a manqué de m’étonner à un de ses récents concerts. C’est toujours réconfortant d’apprécier la constance de certains chanteurs : peut-être s’agit-il d’un signe de jeunesse (c’est bien beau de vieillir, mais nous n’avons pas que ça à faire).
Parmi les quatorze titres du double album qu’est The Violent Life and Death of Tim Lester Zimbo, on peut relever les deux sommets que sont "Giants" et "Cities" : pivots de chaque disque confirmant une certaine tradition de la pop des dix dernières années.
A l’époque où Tellier était aux Inrockuptibles, il y avait encore quelque chose à sauver de ce magazine. Maintenant que la maison est en feu, Tellier a eu le bon sens stratégique de sauvegarder sa carrière de journaliste (à Télérama, bien plus respectable que les Inrocks − et je n’aurais jamais imaginé dire un jour cela en 1993, année où Tellier lui-même a écrit la plus belle chronique d’album qui soit, concernant l’album Drift des Apartments), tout en continuant dignement sa carrière musicale.
Son groupe mérite d’être soutenu sans restrictions. |