Comédie de Molière, mise en scène de Pénélope Lucbert, avec Régis Bocquet, Ariane Brousse, Barbara Gauvin (ou Jeanne Gogny), Aude Macé (ou Déborah Marique ou Marion Lo Monaco), Denis Morin, Edouard Michelon, Justine Paillot, Cédric Révillion, Walter Stawinoga et Damien Zanoly (ou Damien Vigouroux) accompagnés à la guitare par Oscar Clark.
Pour la première création de la Compagnie La Savaneskise, compagnie fondée par des compagnons de route à l'Ecole Claude Mathieu, Pénélope Lucbert a réussi un coup de maître en immergeant "Les Précieuses Ridicules" de Molière dans la rock'n roll attitude mâtinée d'un zeste de disco.
Contextualiser, revisiter, moderniser, mettre en résonance les textes du répertoire classique, quel que soit le terme utilisé, n'est pas toujours une réussite car tous ne le supportent pas et le traitement infligé est parfois rude.
Mais, en l'occurrence, la partition s'y prête car, en se moquant des précieuses de pacotille, Molière ne fait qu'épingler le travers de la posture plus ou moins bien digérée que connait chaque génération, qu'il renvoie au snobisme des existentialistes, la jet set des années Palace ou, plus contemporains, les clubbers du Baron.
De plus, la transplantation, qui n'est que temporelle, reste fidèle à l'esprit et à la lettre avec un divertissement explosif dispensé sur rythme survolté par un époustouflant quartet qui a totalement intégré la démesure nécessaire de la caricature et la mécanique du comique de boulevard.
Sur une bande-son live composée et interprétée par Oscar Clark, les deux pécores déguisées en louloutes perfecto et stiletto cheap sorties d'un remake de "Grease", Ariane Brousse et Justine Paillot, toutes deux pétulantes dans des registres différents, la première manifestant une nature comique dans la lignée de celles qui furent les reines du boulevard, donnent le ton.
Et l'entrée en scène de l'histrion narcissique qu'est le valet Mascarille, en total look rocker, interprété de façon magistrale par Damien Zanoly qui se livre à un véritable show maesltromique qui emporte tout sur son passage amenant les dindes au bord de la pâmoison quand intervient, pour les rouler dans la farine, le deuxième lascar du même acabit, Edouard Michelon désopilant.
Denis Morin, en père de famille pressé de caser ces folledingues, Régis Bocquet et Cédric Révillion, les prétendants au look de notaires qui se la joueraient "men in black", Aude Macé en soubrette sous neuroleptique, Barbara Gauvin et Walter Stawinoga en spadassins complètent la judicieuse distribution de ce spectacle frais, plaisant et divertissant qui, ayant fait ses premières armes au Théâtre du Marais en 2011, est désormais bien rodé.
Il vient passer l'été 2012 au Théâtre Le Lucernaire pour porter y porter toute la semaine une jubilatoire et roborative fièvre du samedi soir. |