Comédie dramatique de Jean Giraudoux, mise en scène de Natahlie Hamel, avec Laurent Brusset, Anne Brégégère, Célia Clayre (ou Esther Ségal), Claire Guillon, Béatrice Mandelbrot, Alexandre Varnière et Eric Veiga.
Dans le cadre du cycle Jean Giraudoux présenté au Théâtre du Nord-Ouest, Nathalie Hamel présente une version très resserrée et expurgée de ce qui fait de "Amphitryon 38" une comédie qui est au théâtre ce que le péplum est au cinéma.
Des coupes sombres judicieuses qui, si elles limitent la fibre lyrique épanchatoire de l'auteur et l'épurent des scènes à effet, qualifiées par certains de "féeries de sous-préfecture", ont le mérite de se concentrer sur ce qui en est le coeur de cible.
Dans cet opus écrit en 1930, le second en date, dans lequel, après la légende de Siegfried, Giraudoux, brillant helléniste, revisite un mythe célèbre, celui d'une des métamorphoses de Jupiter par laquelle il abuse de l'épouse d'Amphitryon, la fidèle Alcmène, pour enfanter le demi-dieu Hercule en prenant l'apparence physique du mari.
S'il y explore le thème du double, et ce en miroir avec Jupiter-Amphitryon mais également Alcmène et Léda, également séduite par le dieu, et la théophanie profane surtout y instille son propre mythe de l'amour et du couple.
Dans cet hymne à l'entente conjugale, Giraudoux célèbre le couple édenique hors du carcan judéo-chrétien du péché et de la faute, célèbre le triomphe de la femme, celle qui défend l'ordre humain dans son accomplissement et peut conjurer la fatalité, en dupant et circonvenant les dieux, l'égalité des sexes et l'amour entendu comme une relation sans esclave ni maître dans laquelle la fidélité est le corollaire de la liberté et de la volonté.
Dans un espace scénique parcimonieusement éclairé, juste quelques arachnéens rideaux couleur du soleil couchant, la prose giralducienne est bien servie notamment par de jeunes comédiens.
Mention spéciale à Célia Clayre, dans le rôle de Léda, Laurent Brusset qui articule avec justesse les partitions du mari à l'amour confiant et du dieu séducteur présomptueux, et Anne Brégégère, jeune femme à la gestuelle élégante et au talent prometteur, qui, par une incarnation sensible et assurée, donne sa vraie dimension à la belle figure d'Alcmène. |