On se souvient, aux alentours de la naissance du siècle, que l'on avait adoré le premier EP d'1=0. Il devait s'appeler "quatretitres" et n'était sorti que sous format numérique. À l'époque le groupe, originaire de la région parisienne, était un duo que dominait une voix encolérée, emportée. L'ensemble rappelait furieusement, par son côté bricolé et abrasif, désabusé, les premiers pièces de Diabologum.
Comme beaucoup de formations (réellement) indépendantes, 1=0 n'a pas toujours été facile à suivre, et l'on doit confesser que l'on a finalement réussi à passer à côté de Sec, son premier album (2010). Entretemps le duo d'origine avait muté, intégré basse et batterie, avait sacrément amplifié son son, affiné une plume déjà taillée pour trancher à vif.
Cet EP permet de ratrapper un peu de ce retard et de retrouver la formation pour constater que les années n'ont rien entamé de sa vigueur. La musique reste tendue, directe, percussive, frontale, sans concession. On pense à Shellac autant qu'à Diabologum, voire à Programme. "Forteresse", premier titre empressé qui donne son nom à l'EP, est clairement la pièce maîtresse de ce quart d'heure de musique rock poétique, hypnotique comme une fleur maléfique. |