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Camilla Läckberg  (Editions Actes Sud)  juin 2012

Depuis quelques années déjà, le polar polaire a résolument le vent en poupe et les femmes s'en mêlent en y prenant leur juste part. Ainsi en est-il avec la suédoise Camilla Läckberg qui caracole en tête des ventes européennes.

Avec 8 opus publiés en 8 ans, et non des épures de 100 pages mais des pavés de 400, elle développe une véritable saga policio-romanesque dont le sixième volet, "La Sirène", vient d'être publié dans la collection Actes noirs des Editions Actes Sud.

L'intrigue de ce dernier, comme des précédents, se déroule dans sa ville natale de Fjällbacka, une petite bourgade d'un millier d'habitants située au nord de Göteborg devenue une étape d'un circuit touristique des villes de polars comprenant un parcours sur les traces de "Millenium" et de Stieg Larsson à Stockholm, et dont la réputation égale désormais celle des fictifs Saint-Mary Mead de la fameuse Miss Marple enfantée par la britannique Agatha Christie, le Cabot Cove ou le Causton des séries télévisées "Arabesque" et "Inspecteur Barnaby".

Et c'est à juste titre qu'il y a lieu d'évoquer en liminaire ce choix d'une unité de lieu, et de surcroît d'un petit microcosme récurrent, qui constitue un des ingrédients de la recette à succès de Camilla Läckberg, au demeurant auteur, avec un chef étoilé suédois, de livres culinaires dont l'un d'eux sortira en France à l'automne 2012 chez le même éditeur.

Car en effet, elle connaît bien ses classiques et a su mettre à profit tant sa formation d'économiste que les cours d'écriture qu'elle a suivis, et qui sont très en vogue en Suède, pour élaborer une vraie machine de guerre afin de séduire un aussi large lectorat que possible tout en se démarquant de ses homologues nationaux sans appuyer sur l'exotisme littéraire d'un univers glauque sous le soleil de minuit, y préférant celui d'un pimpant village édénique, et évitant l'arrière-plan ouvertement de critique tant politique que sociétale.

Cette "machine" se compose d'un savant dosage des attributs les plus adéquats et performants puisés tant dans la littérature policière que romanesque et d'un style de narration qui emprunte à l'art des séries télévisées, notamment anglo-saxonnes, aussi bien la série policière que le soap-opéra, et ce de manière astucieusement cumulative.

A savoir : le principe du récit aristotélicien ("un personnage engagé dans une action qui génère de l'émotion"), dans une architecture de "formula show" basé sur la récurrence, la prééminence de l'intrigue sans négliger la primauté du ou des personnages principaux, meurtrier inclus dont le back-ground est révélé par un récit rétrospectif en parallèle qui s'intercale dans le récit principal linéaire, un efficace découpage feuilletonniste pour exciter la curiosité du lecteur avec la technique du "cliffhanger" et une écriture basée sur le réalisme du quotidien qui induit un sentiment de proximité permettant l'identification par ressemblance ou analogie.

Quant à l'enquête procédant à la manière désuète du "whodunit", exempte d'action policière tant scientifique que musclée et souvent primée par des digressions anecdotiques d'une conséquente banalité sur la vie quotidienne des protagonistes, elle se déroule à un train de sénateur particulièrement indolent au rythme d'indices délivrés avec parcimonie.

Ainsi se décline donc "La Sirène" qui s'inscrit dans la saga consacrée au couple "idéal" formé par Patrick Heldström, chef de l'antenne de police locale, et Erica Falck, écrivain-biographe et surtout femme au foyer versée dans la maternité, associant romance et polar dans un roman d'enquête qui croise l'enquête officielle avec les investigations du détective amateur. Car le premier, ni héros ni looser, fonctionnaire de police discret qui ne brille guère par ses faits d'armes, mène l'enquête officielle avec application.

La seconde est un personnage très envahissant, non seulement par son impressionnant ventre dû à une grossesse gémellaire, mais également par son comportement invasif dans la vie des autres. Car, dotée d'une curiosité insatiable et d'un don certain pour commettre des impairs parfois graves de conséquences, elle a la fâcheuse manie de se mêler de ce qui ne la regarde pas sous couvert de bonne conscience et de sollicitude altruiste.

Dans cet opus peuplé d'enfants et de bébés nés et à naître, un quatuor d'amis, dont trois d'enfance, précisément, est au coeur de l'intrigue. L'un d'eux, un homme tranquille et sans histoire menant une paisible vie familiale, disparaît sans laisser de trace, puis son cadavre est découvert emprisonné dans un lac gelé. Un autre, écrivain qui vient de publier son premier roman, reçoit d'inquiétantes lettres de menace tout comme les deux derniers, associés dans une affaire de promotion immobilière. Qui tient la vengeresse épée de Damoclès au-dessus de leur tête ?

Puisant dans le registre de la pathologie familiale et actionnant le levier des secrets du passé pour corser son synopsis, Camilla Läckberg injecte habilement l'horreur et la violence dans une image de carte postale sur le modèle de "ça peut se passer près de chez vous" qui fait le succès populaire de la téléréalité, ce qui n'est pas sans troubler le lecteur qu'elle place également de manière subliminale sous la fameuse épée.

Par ailleurs les rouages parfaitement huilés de la "machine" Camilla, qui n'est pas une enfant de choeur, fonctionnent à plein régime dans un récit étonnamment fluide malgré sa sédimentation narrative, et addictif peut-être en raison de cela, et cette dernière, qui n'entend pas révolutionner le genre du roman d'enquête, tient son pari de livrer aux lecteurs potentiels un produit manufacturé fédérateur pour plaire au grand public.

 

MM         
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