En bon vieux con respectable, j'aurais aimé pouvoir dire que ce nouvel album de Dead Can Dance, intitulé Anastasis, ne sert à rien.
Mais contrairement à certains blogs bien pensants qui imaginent faire la tendance de demain mais qui ne font souvent que surfer sur les courants porteurs sans grandes convictions, je trouve ce disque plutôt réussi sans, je le reconnais, atteindre les sommets de la première partie de leur discographie.
Mettons aussi un peu de côté l'iconographie morbide que l'on a trop vite fait de coller au groupe. Cette musique certes sombre et ensorcelée est aussi pleine de rythme et de vie et n'invite pas plus au sacrifice de chèvre qu'à une quelconque messe noire. Ici la mort danse, elle ne pue pas le poney mort.
Alors bien entendu pour qui a suivi la carrière du groupe jusqu'à ce que l'on imaginait être la fin, c'est-à-dire l'album Spiritchaser, sans parler de la tournée monumentale post mortem et la carrière solo de Brendan Perry et surtout de Lisa Gerrard (quelques musiques de films à succès au compteur) ne sera pas surpris par la teneur de cet album mais sera sans doute sensible aux nouveaux titres de Anastasis. La voix de Perry est plus crooner que jamais, celle de Gerrard n'a pas pris une ride et est toujours absolument envoûtante.
"Children of the sun" entame le disque avec des sonorités connues et le chant de Brendan Perry sur lequel seuls quelques choeurs de Gerrard se font discrètement entendre. Pas de perte de repère sur le morceau suivant non plus malgré quelques sonorités nouvelles, on retrouve ce rythme lancinant et hypnotique propre au groupe et cette voix, peu bavarde, de Gerrard qui fait des merveilles. Le chant de Gerrard reste en effet distillé avec parcimonie contrairement aux parties chantées par Perry dans une veine plus proche de la chanson pop mélancolique comme a su le faire Elbow récemment.
Et pop, Anastasis l'est. Loin des modes cold wave des 80's et des tendances world music à tout va, le groupe poursuit sur sa lancée entamée avec Spiritchaser, mêlant sonorités exotiques et constructions musicales planantes et envoûtantes avec une légèreté, voire un certain entrain dans les mélodies plus pop, moins torturées. Cela donne des morceaux épiques comme l'excellent "Return of the She-King" à la hauteur de quelques uns de leurs meilleurs morceaux passés.
Avec ce disque, il semble que Dead Can Dance ait trouvé son equilibre, tant dans la composition que dans l'équilibre des rôles entre Perry et Gerrard. C'est un disque frais et actuel qui ne regarde pas (trop) en arrière et qui apporte un réel second souffle à un groupe qui nous a manqué et qui aurait pu facilement rapidement tourner en rond. Ce n'est pas le cas et c'est plutôt en boucle que le disque tournera sur la platine des vieux fans comme de celle, espérons-le, d'un plus jeune public qui n'a pas connu cette époque cold wave mais qui découvrira cette quasi joyeuse facette pop du groupe, avec un rien de mysticisme résiduel quand même qui fait pleinement l'identité du groupe. Tous les vieux ne sont donc pas morts, la mort danse encore. |