Monologues dramatiques écrits et mis en scène Anaïs Allais Benbouali et interprétés par Fanny Touron.
"Lubna Cadiot", la création d'Anaïs Allais Benbouali, introduit, dès le premier tableau, le spectateur dans l'intimité des femmes, par une scène de bain à la Degas.
Et Lubna se raconte : son départ de l'Algérie, sa vie en France, ses rencontres et ses enfants. Une vie qu'elle a en tout point voulue, recherchée, sans le moindre remords. D'autres voix de filles et de femmes s'emmêlent. La vie entre deux cultures, deux pays n'est pas sans violence, sans rêves tourmentés.
Deux évènements fondateurs : deux volontés farouches d'indépendance : la guerre civile en Algérie et plus tard le départ de Lubna pour Paris et la France. Sans retour en arrière possible.
Seulement ses filles sont devenues adultes et elles commencent leur quête des origines et cherchent à recoller les morceaux d'une famille éparpillée : celle de France avec celle de l'Algérie, quand les vécus politiques ne cessent de les rendre étrangers les uns des autres.
C'est, qu'en Algérie, on s'imagine la vie simple et riche en France quand on vit là-bas avec la peur du terrorisme ou des arrestations politiques. De l'autre côté, en France, ne pense t-on pas : n'est ce pas le confort et la tranquillité d'être dans son pays parmi les gens qui vous ressemblent, qui comprennent votre histoire : être d'ici sans question ni justification.
Fanny Tournon incarne les sept voix de ces femmes de la même famille, des voix qui se mélangent. Ces femmes en recherche, qui, placées sous le signe incandescent de Lilith, divinité juive, première femme et insoumise, entendent que leur vie leur appartient, quelque soit le prix à payer.
Anaïs Allais Benbouali présente une émouvant hommage à ces femmes qui naissent libres et fortes, qui sont prêtes à braver l'autorité de la Tradition et s'enrichir ailleurs, pour elles-mêmes. "Lubna Cadiot" est aussi polymorphe que polyphonique : à la fois conte oriental, récit poétique, chronique, nous rendant d'autant plus sensible la réalité des vies en rupture. |