Comédie écrite et mise en scène par Hervé Devolder, avec Stéphanie Caillol
et Hervé Devolder.
Pour "Jupe courte et conséquences", ne vous fiez pas à l’affiche du spectacle qui peut laisser accroire à une pochade de café-théâtre car Hervé Devolder a écrit une fine partition en forme de musique de chambre pour deux inconnus en quête d’amour absolu.
Dans un coin de parc, à la croisée des allées Satie, Brahms et Ravel, ce qui n’est pas anodin mais uniquement révélé lors du dénouement de l’intrigue, tout commence par une réplique qui évoque le dialogue culte du film "Le Mépris" de Jean-Luc Godard.
Un homme lisant sur un banc public fait l’objet d’un kidnapping sentimental : une passante, une jolie jeune femme, légère et court vêtue, l’invective pour avoir reluqué ses fesses puis le menace de ne pas résister au coup de foudre qu’elle vient de provoquer chez lui.
Cette entrée en matière peu banale, qui fait le grand écart entre le brûlot féministe et la quête désespérée de l’amour à tout prix, sidère l’homme hésitant quant à l’attitude à adopter face à ce qui s’avère aussi bien une drague à la hussarde qu’un délire psychotique.
Et puis, rebondissement en forme de syndrome de Stockholm, le voici qui joue le jeu au point de lui ravir la vedette et renverser les rôles.
Hervé Devolder, qui a des lettres et connaît ses classiques, signe un bel opus théâtral avec une vraie intrigue sur un thème universel et intemporel - se payant même le luxe d’un coup de théâtre tout aussi inattendu que l’épilogue - qui flirte avec le registre de la comédie sentimentale et celui du marivaudage avec une subtile déclinaison contemporaine du jeu de l’amour et du hasard placés sous le signe du coup de foudre.
Il met en présence des personnages ordinaires de la vie de tous les jours, ni des héros ni des anti-héros, qui partagent la même conception de l’amour - "un joker pour embellir la vie", un amour qui ne peut rimer avec toujours car il ne résiste pas aux assauts du temps et aux contingences du quotidien - et ne veulent pas devenir les amoureux des bancs publics chantés par Georges Brassens.
Empathiques, Hervé Devolder, séduisant et pince-sans-rire, et Stéphanie Caillol, pétillante et sensible, forment un assorti et épatant couple de scène qui séduit par son naturel et qui apporte autant de délicatesse que d'humour à cette intelligente peinture de l'amour. |