Le Musée Marmottan Monet ouvre sa saison muséale 2012-2013 avec la première exposition monographique consacrée au peintre Henri Rouart.
Elle coïncide avec le centenaire de la mort de celui qui est peut-être plus connu comme mécène, collectionneur éclairé et ami des impressionnistes que pour son oeuvre peinte.
Cette exposition permet d'apprécier l'oeuvre d'un peintre qui était loin d'être un petit maître mais qui restée dans l'ombre, éclipsée par celle des grands noms de l'impressionnisme et par le souhait de son auteur de ne pas s'inscrire dans le marché de l'art.
Jean-Dominique Rey, critique d'art et romancier, qui en assure le commissariat, a donc réuni un nombre significatif de tableaux et aquarelles en provenance de musées français et suisse et, surtout, de collections particulières.
Ces oeuvres destinées originellement à demeurer dans la sphère privée sont judicieusement présentées in situ dans les salons du rez-de-chaussée du musée.
Henri Rouart, un peintre résolument impressionniste
Issu de la grande bourgeoisie fortunée et cultivée du 19ème siècle, d'une famille liée à l'art par l'artisanat, son père était passementier et il a épousé une demoiselle Jacob-Desmalter de la prestigieuse famille des ébénistes de Louis XVI et de l'Empire, Henri Rouart avait intégré l'Ecole Polytechnique tout en étant l'élève des peintres Corot et Millet.
La peinture était pour lui une vocation à laquelle il ne s'adonna totalement qu'à la mi-temps de sa vie après avoir été un inventeur et un grand industriel, un capitaine d'industrie selon la terminologie du 20ème siècle, ce qui lui a permis d'amasser une fortune dont il usa notamment pour constituer une des plus importantes collections de peintures de son époque et de financer les expositions qui ont contribué à faire connaître les impressionnistes dont il était également le mécène.
Ordonnée selon un parcours thématique, l'exposition permet de découvrir un portraitiste sensible de l'intimité familiale.
Henri Rouart n'est pas peintre de portraits d'effigie mais de portraits de famille immortalisant ses proches dans leurs occupations quotidiennes.
Ainsi sa fille Hélène, lisant, une jeune fille au jardin et sa belle-mère avec un travail d'aiguilles, vêtues sans ostentation.
Des moments de quiétude un peu austère qui se retrouvent dans des scènes de genre telle la jeune femme cousant dans le salon de sa villégiature caudacienne, dans lesquels les rouges profonds côtoient le vert tendre des tentures ou du jardin à vue par les fenêtres ouvertes.
Le rouge et le vert encore pour peindre un massif de fleurs ou nature morte. Mais son registre de prédilection est celui de ses maîtres, le paysage avec le motif saisi en plein air.
S'il traite au gré de ses voyages, les thémes impressionnistes, les berges de la Seine avec ses berges bucoliques ou laborieuses, avec l'étonnante fumée du remorqueur, l'eau ("Cascade à Royat"), la mer ("Vue de Collioure") ou les pavillons comme les meules de Monet, Henri Rouart est avant tout le peintre des arbres.
Des lourdes frondaisons à la Corot du "Chemin au Mée", aux nuage sylvestre formé par l"Arbuste devant la maison de La Queue-en-Brie", sa thématique privilégiée et récurrente, c'est l'arbre dans tous ses états sur lequel il développe toute la gamme des verts.
Et c'est sa résidence francilienne de La Queue-en-Brie située en bordure du massif forestier de l'Arc Boisé qui lui fournit la matière vivante pour dresser des tableaux solaires à la construction puissante qui éclaboussent de fraîcheur roborative.
A découvrir donc d'urgence. |