De nombreuses expositions récentes abordent l'Histoire de l'art à partir des oeuvres qui sont ou ont été détenues par des mécènes et des collectionneurs privés.
Ainsi, par exemple, en 2011, les expositions célébrant les collectionneurs américains avec "Matisse, Cézanne, Picasso... L'aventure des Stein" au Grand Palais, et "La collection Clark à Giverny, de Manet à Renoir" au Musée des Impressionnismes à Giverny.
En 2012, la Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais et le Musée d'Art Moderne André Malraux du Havre le proposent de découvrir les oeuvres promues un groupe de collectionneurs d'avant-garde qui s'est constitué au début du 20ème siècle au Havre.
Dans cette ville dynamisée par l’ouverture d'une ligne de chemin de fer Paris-Le Havre en 1847 et la naissance du tourisme balnéaire et dont le formidable essor économique au siècle précédent avait enrichi une bourgeoisie locale soucieuse de s'inscrire dans le milieu des collectionneurs amateurs normands, se constitue en 1906 "Le Cercle de l'art moderne".
Regroupant des peintres, dont les plus connus du grand public sont Raoul Dufy et Georges Braque qui fréquentèrent l’École municipale des Beaux-Arts du Havre, et des négociants qui ambitionnent de promouvoir l'art moderne avec l'organisation d'une exposition annuelle et développer la vie culturelle havraise en vue de la positionner au regard de la capitale.
Le Cercle de l'Art moderne : le goût de la modernité
Pour illustrer cet exemple réussi mais éphémère de décentralisation artistique et culturelle, formé en 1906 le Cercle s'est dissous en 1910, la commissaire Annette Haudiquet, conservateur en chef et directrice du Musée d'Art Moderne André Malraux du Havre, avec la collaboration de Géraldine Lefebvre, attachée de conservation au même musée, a conçu un parcours inspiré par les genres picturaux en 90 oeuvres qui, de Courbet à Derain, invite à un voyage qui va du pré-impressionnisme au fauvisme.
La peinture de paysage a les faveurs d'un des principaux collectionneurs du Cercle, Olivier Senn, dont la collection est conservée au MuMa.
Initiée par une toile de Delacroix ("Paysage à Champrosay") et une de Courbet ("Les bords de la mer à Palavas") et une belle série de ciels, huiles sur papier, de Eugène Boudin, elle est représentative de l'audace du Cercle.
Ainsi, elle intègre des toiles de Pissaro, un des pères de l'impressionnisme, mais également du fauve Derain, et des Nabis Félix Vallototon ("Pont romain à Cagnes","La route romaine à Cagnes","La valse", "Le rayon") et Paul Sérusier ("Le berger Corydon").
La ville du Havre est largement représentée sous tous ses aspects notamment de ville portuaire, de station balnéaire par Monet, Boudin, Pissaro ("L'avant-port du Havre", "L'anse des Pilotes et le brise lame") et de cité fêtant la fête nationale du 14 juillet immortalisée par Raoul Dufy ("La rue pavoisée") et Albert Marquet ("Le 14 juillet au Havre").
Pour les portraits, des portraits de femmes peintes par Van Dongen ("La Parisienne de Montmartre" qui fait l'affiche de l'exposition), Modigliani ("Jeune femme au corsage noir") et Renoir ("L'excursionniste" et "Portrait de Nini Lopez")
Des femmes encore dans une salle consacrée à l'Enfer pictural avec des nus audacieux Charles Camoin ("La saltimbanque au repos", "La belle au repos"), Félix Vallotton ("La belle Florence") et Albert Marquet ("La femme blonde").
Enfin, des scènes d'intérieur avec un trio de renom : Bonnard ("Intérieur au balcon"), Vuilliard ("Au coin de la fenêtre"et Albert Marquet ("Balcon, avenue de Versailles", "Intérieur à Sidi-Bou-Saïd").
Pour découvrir une belle aventure artistique. |