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Grand Palais  (Paris)  Du 26 septembre 2012 au 14 janvier 2013

Quel rapport y a-t-il entre l'anticonformisme, le téléphone mobile et les Rom ? L'exposition "Bohèmes" conçue par Sylvain Amic, directeur des musées de Rouen, qui en fait les lignes de force de la réflexion qui l'a conduit à adopter comme thématique transversale le vocable polysémique "bohème".

Organisée par la Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais et un musée privé espagnol subventionné par un groupe d'assurances, la Fundación Mapfre de Madrid, elle s'inscrit dans la catégorie des expositions-spectacles pour laquelle le propos iconographique est soutenu par une dramaturgie induite par une mise en scène "spectaculaire".

Aux manettes, en l'occurrence, pour la scénographie, Robert Carsen, metteur en scène notamment d'opéra qui a avait déjà officié pour l'exposition "Marie -Antoinette", et pour l'habillage sonore, Béatrice Ardisson, spécialiste des "sound design sur mesure" pour événement people, qui a concocté une bande-son hétéroclite en forme de "pêle-mêle Gipsy" avec "jazz Manouche, Balkan Beats, musique Classique, opéra et quelques curiosités".

Côté scénographie, l'intervention de Robert Carsen, qui a opté pour une illustration appuyée, tel le nomadisme représenté par une route ocre avec des traces de pas terreux au sol et des reconstitutions d'intérieurs évoquant les poussiéreux décors naturalistes des mélodrames, s'inscrit délibérément dans le registre du théâtral et donc de la représentation qui constitue le fond du propos iconographique.

Bohèmes : du pittoresque à la posture

Bien qu'elle soit introduite avec un court-métrage de Laszlo Moholy-Nagy, peintre du Bauhaus, tourné en 1932 sur la vie d'une communauté tzigane hongroise à Berlin, "Bohèmes" n'est pas une exposition ethnologique.

Conçue selon un parcours chronothématique qui se développe en deux parties, elle est consacrée à la représentation de la figure du bohémien telle qu'elle a été utilisée, et donc véhiculée, par les peintres depuis la fin de la Renaissance jusqu'au début du 20ème siècle et au mythe de la vie de bohème porté par le cénacle artistique de la fin du 19ème siècle.

Et elle débute presque avec une curiosité, un marbre antique composé du torse d'Artémis customisé avec une tête et des membres de bronze rappelant la peau foncée d'une bohémienne ("Diane dite la Zingarella")

Le personnage du bohémien dans l’histoire de l’art est utilisé par les peintres non pour sa réalité sociale mais comme un archétype (féminin avec la danseuse et la diseuse de bonne aventure, masculin avec le voleur) qui permet de renouveler le genre du portrait le portrait des gens de la rue.

Il introduit dans la peinture d'histoire et dans les scènes de genre un élément de pittoresque, à l'instar du négrillon ou de l'orientale, et permet de renouveler ces dernières comme la peinture de paysage en traitant des gens du voyage, au même rang que les vagabonds et les miséreux, avec l'élément supplémentaire qu'est l'exotisme.

Parmi les oeuvres majeures exposées, les "Joueurs de cartes" de Nicolas Régnier, "La diseuse de bonne aventure" vue par Georges de la Tour et Watteau, la Gitane de Henri Regnault et celle de Bonnard, le portrait d'une danseuse revue et corrigée pour le petit théâtre de Marie-Antoinette par Elisabeth Vigée-Lebrun, les bohémiennes de Renoir, Courbet et la "Zingara au tambour de basque" de Corot.

Pour les scènes de genre, Courbet ("La bohémienne et ses enfants", "La rencontre"), les "Gitanos" de Manet (les "Gitanos") et Van Gogh ("Les roulottes").

A voir également les gravures de la série "Bohémiens en marche" de Jacques Callot, "La petite bohémienne" de Boccaccinoet la "Sainte famille" de Georges Lallemant.

Transition entre les deux parties, une rotonde flamboyante, avec notamment le manuscrit de "Carmen" de Bizet, "Le voeu" de Theodor von Holst et la troublante "Esmeralda" de Charles de Steuben ordonnés autour de la "danseuse Zingara" de Auguste Clésinger.

Au milieu du 19ème, le mythe de la bohème et du "bohémianisme" naît d'une formule du journaliste Félix Pyat qui qualifie de "Bohémiens d’aujourd’hui" les jeunes artistes aux moeurs qui se veulent anticonformistes et d'un néologisme inventé par Baudelaire, et de la conjonction de plusieurs facteurs qui tiennent à l'apparition du romantisme, au goût nouveau pour l'espagnolade qui contamine tous les arts et à la popularité du genre du mélodrame.

Ainsi naît la posture du bohème dont la vulgarisation sera assurée par les écrivains, Henri Murger, avec son feuilleton "Scènes de la vie de bohème", qui inspirera Puccini pour son opéra "La Bohème", les dessinateurs et caricaturistes, André Gil, Daumier et Félix Regamey dont de nombreuses planches sont présentées.

Malgré l'affreuse tente brune qui y est dressée en guise de mausolée, ne ratez pas la salle nommée "Les semelles du vent" dédiée au couple phare Verlaine-Rimbaud, réunis dans la toile de Fantin-Latour ("Un coin de table") avec "Les souliers" de Van Gogh, le portrait de Verlaine par Edmond Arman-Jean et celui de Rimbaud blessé de Jef Rosman.

Le mythe de la bohème artistique, au demeurant plutôt sédentaire, s'appuie également sur des lieux représentatifs d'un style de vie.

La mansarde du peintre, qu'elle soit volontaire par rejet du confort bourgeois ou subie par le peintre maudit, qui, en l'espèce, sert de décor misérabiliste pour les portraits de Liszt par Henri Lehmann, de Baudelaire par Emile Deroy face au "portrait d'un artiste dans son atelier" de Géricault encadré de l'autoportrait de Delacroix et "L'homme à la pipe" de Courbet .

L'atelier constitue également un thème récurrent, avec, entre autres, "Le coin d'atelier" attribué à Delacroix et le "Poêle dans l'atelier" de Cézanne.

Quant aux lieux fréquentés par les artistes, le cabaret, et le café montmartrois, avec les enseignes du "Chat Noir" et du "Lapin Agile", où règne le cosmopolitisme artistique constituent des lieux de vie et de rencontres désormais mythifiés par leurs nombreuses représentations en tant que scène d'intérieur ou de "décor" pour des portraits de personnages hauts en couleurs (la "Gitane" de Van Dongen).

Les lieux fameux comme les caf'conc', lieux de divertissement tels le Moulin de la Galette et le Moulin Rouge, mais également les estaminets parfois sinistres de la butte avec leurs filles de bitume sont largement représentés et immortalisés.

Au menu, les toiles de Signac, Degas avec l'incontournable, "L'absinthe", Toulouse-Lautrec, Van Gogh, Picasso et ses condisciples espagnols Ramon Casas et Santiago Rusinol.

L'exposition se clôt au début du 20ème siècle avec une série de lithographies de l'"Album tsigane" de Otto Mueller, peintre du groupe Die Brücke qui avait rejoint le cercle des artistes bohèmes de Breslau, réalisées en 1927 lors de son séjour dans une communauté tzigane.

Un épilogue grave avec ce retour brutal à la réalité avec ces portraits de Roms anonymes qui constituèrent une des cibles privilégiées du génocide nazi. Syvain Ami se garde bien d'aborder la déclinaison contemporaine du nomadisme avec le phénomène contemporain du "bourgeois-bohème".

 

En savoir plus :

Le site officiel de la Réunion des Musées Nationaux

Crédits photos : MM (Plus de photos sur La Galerie)
avec l'aimable autorisation de la Réunion des Musées Nationaux


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