Comédie de Jean-Louis Bauer et Philippe Adrien, mise en scène Philippe Adrien, avec Alain Gautré, Olivier Hémon, Manon Kneusé, Katarzyna Krotki, Pierre Lefebvre, Bernadette Le Saché, Guillaume Marquet, Laurent Ménoret, Tony Mpoudja, Juliette Poissonnier, François Raffenaud, Jean Charles Rieznikoff et Joe Sheridan.
Dans "Bug !", Jean-Louis Bauer et Philippe Adrien utilisent la métaphore du bug informatique pour évoquer le dérèglement du monde contemporain, voire proposer une solution envisageable, avec pour fil rouge la métamorphose que vont connaître deux petits génies du logiciel subissant une transformation en singe propice à concrétiser le monde futur inventé par Pierre Boulle.
Butinant dans différents registres, de la science-fiction à la satire en passant par le grotesque et l'absurde, leur partition foisonnante et déstructurée résiste à l'analyse rationnelle et procède davantage comme un état des lieux du dysfonctionnement tel qu'ils le voient qu'une réflexion rigoureuse et étayée même s'il semble patent qu'elle repose sur deux des réalités du 20ème siècle que sont la fin des idéologies mortes dans les camps nazis et le goulag soviétique et le dogme de la financiarisation.
Néanmoins trois thématiques principales, au coeur desquelles est l'homme, se dégagent : les dérives de la science avec le savant fou qui n'est pas qu'un mythe, les dérives de l'art contemporain sponsorisé par les nouveaux mécènes que sont les capitaines d'industrie qui bouleverse la notion d'oeuvre d'art avec l'art conceptuel, le merchandising kitsch de Jeff Koons et l'art anatomique avec l'utilisation de cadavres humains ayant fait l'objet de plastination, et les conflits génocidaires avec le parallèle établi entre l'Holocauste nazi et le massacre ethnique qui s'est déroulé pendant la guerre civile au au Rwanda.
Certes, l'écriture aurait pu être plus travaillée en la forme comme au fond pour éviter l'aspect collage des scènes et le spectacle resserré en deçà des deux heures sans en pâtir.
Mais avec la réussite scénographique du dispositif de projection vidéo sur tulle élaboré par Olivier Roset et le savoir-faire de Philippe Adrien pour diriger une distribution conséquente, il en résulte un spectacle visuellement spectaculaire et résolument dadaiste même si certaines scènes bien que portées par des comédiens qui réussissent d’excellentes compositions, tel Joe Sheridan dans le rôle d’une Divine multisexuée, ont un peu de mal à passer la rampe. |