Ah
le bon vieux temps ! C’était toujours mieux à
mon époque disait grand-papa !
Sans verser systématiquement dans la glorification du passé,
force est de constater que la télévision indigente
d’aujourd’hui n’en revient pas d’avoir été
parfois aussi riche et inventive d’où la multiplication
des émissions de télé sur les émissions
de télé d’hier, à l’instar par
exemple de "Les enfants de la télé" qui
prouvent si besoin est que la créativité ne se transmet
pas forcément d’une génération à
l’autre, et la diffusion en vidéos du best of de certaines
d’entre elles.
Canal plus, véritable vivier de talents dans les années
90, ne déroge pas à la tendance. Après
L’intégrule des Nuls, voici
De Caunes – Garcia le meilleur de NPA qui va compléter
notre petite anthologie télévisuelle.
L’occasion de retrouver, ou de découvrir pour ceux
qui l’ont raté, le meilleur de leurs compostions sous
la plume de Laurent Chalumeau.
Un documentaire sous forme d’interviews des différents
protagonistes illustre les circonstances et les conditions, qui
n’étaient pas étrangères aux succès
pérenne de ces rendez-vous quotidiens, sans filets, de l’improvisation
éclairée à l’état pur, un quart
d’heure de folie, des textes écrits dans l’urgence,
répétés quelques minutes avant le passage à
l’antenne, un challenge journalier pour l’équipe
technique également.
Les textes au vitriol de Laurent Chalumeau allaient au bout du
trash avec une liberté de ton, une insolence, une justesse
et un humour corrosif, du vitriol dans un flacon d’ambroisie,
mais dans le non politiquement correct qui ne passerait sans doute
plus aujourd’hui.
Et puis il y avait Antoine de Caunes, rejoint ensuite par José
Garcia, compères déjantés, qui, s’ils
se moquaient des autres, savaient aussi ne pas se prendre au sérieux
et étaient prêts au pire, sans souci de leur image
au point où José Garcia indique qu’à
l’époque personne ne voulait l’engager en tant
que comédien compte tenu de ses extravagances dans NPA.
Aucun des nouveaux venus de la génération suivante
n’a repris le flambeau par souci de rester propre sur soi
et de son image. On veut bien se moquer des autres mais sans se
faire éclabousser et il est plus aisé de fustiger
le manque d’humour de sa victime que de pratiquer l’autodérision.
20h10 pétantes ou On ne peut pas plaire à tout le
monde, Guillon, Weizman ou Blakowski, manquent singulièrement
de cette dimension iconoclaste.
Ce meilleur de NPA est à déguster à petites
doses homéopathiques avec des mines de gourmets, à
savourer entre connaisseurs, à revoir pour en débusquer,
avec le recul, toutes les arcanes peut être même inconsciemment
semées par les intervenants, de l’auteur à la
maquilleuse.
Les compositions de Caunes solo sont savoureuses : de Péteur
Pan le farfadet volant autopropulsé à l'instit Pochetron
du fanclub Konsenculedonc du professeur Choron en passant par Ouin
Ouin pine d’huitre face à Zara White. José Garcia
n’est pas en reste avec un de Nireau plus vrai que nature
surtout grimé en Dalida.
La réunion des dux est explosive : du trash, au point de
prendre de vitesse, et à plusieurs reprises, Jango Edwards
ce qui n’est quand même pas rien, et à scotcher
John Waters avec la starlette Virgina à l’accent marseillais
qui relève les défis de Divine comme manger du caca
(Virgina disant : "Ceux qui disent que pour réussir
il faut en avaler des vertes et des pas mures ils exagèrent
pas !".
De l'irrévérencieux, au point de clouer de stupéfaction
le bleu regard angélique de Monseigneur Caillaud au temps
de sa splendeur médiatique.
Du sociologique, avec les sœurs Pouffe ou John Travelota et
Graisse Jaune la reine du disco qui n’aime que les bites geeses.
Du people avec les couples Elise Théière/Michel Jaxon
ou Richard Jouir/Sandrine Troforte.
Du caustique avec la poule multicolore et le gros poussin jaune
fils d’un Yves Lecoq gloussant de rire ou les lapins bleu
et gros consommateurs d’herbes face à Marc Veyrat ("Vous
avez déjà le chapeau je peux bien faire le lapin qui
en sort!") qui exécute un extrait de reproduction rapide.
Du délirant avec Péton John affublé d’un
casque de moto pailleté rose et surmonté d’une
couronne épaulette en serpillière espagnole et Garçon
Goerges président du fan club krischna caméléon
de Boy George ...et bien d'autres!
Et pas besoin d’étoiles au Michelin, on tient bien
la crème des crèmes !
Ah, c’était bien la télé en ce temps
là !
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