Il m’a fait penser à Romain Humeau, Eiffel et Luke, qui sont en fait la même bande de potes. Romain Humeau et Damien Lefèvre étaient des fondateurs d’Eiffel, ce dernier est maintenant bassiste chez Luke. Et encore, je simplifie ! Chacun des membres des deux groupes a fait un peu de solo, a joué chez l’un ou chez l’autre, y est revenu, puis est reparti. Retrouvons donc ici Dam Barnum (Damien Lefèvre) tout seul avec Des pieds des mains.
J’ai perdu quelques années, récupéré quelques neurones et adopté immédiatement ses airs pop n’bulles, ses mélodies frisant les confettis et ces paroles dérisionelles teintées d’humour et de fraîcheur. Comment ça, le mot "dérisionel" n’existe pas ? Mais bien sûr que si puisque je vous le dis, ça veut dire qu’il met de la dérision dans ce qu’il dit. Il met aussi du simple et de l’efficace, de l’espoir contagieux, des envies de glace à la fraise et de courses dans les prés.
Capable de se jouer du drame qu’évoque un Malcolm X dans "Mal comme X", dès le troisième titre, c’est assez fort, surtout qu’il est bien évidemment de bon ton de brasser de la tragédie (oui parce que c’est la Kata, la dette empire les amis !). Dam Barnum ne se facilite pas la tâche, mais il réussit à mélanger rock-pop-truc pour faire ce joli mélange joyeux et entraînant. C’est un peu comme si on vous annonçait une mauvaise nouvelle en chantant, c’est d’ailleurs la spécialité de certains peuples africains (mais ils ont le soleil, c’est plus facile pour eux)…
Et même si l’adage veut que les gens trop heureux, trop drôles ou trop bienveillants ne soient pas pris au sérieux, Dam Barnum met les deux pieds dans la bonne humeur et personnellement, je le prends au sérieux. Parce qu’il est contagieux, jusque dans mon sommeil troublé de "Sauvage, sauvage sauvage, tu es tellement sauvage, sauvage sauvage..." ("Sauvage").
Certains verront du juvénile, de l’adolescence, de la maturité inachevée. Il y en a certainement, mais ne sommes-nous pas tous des enfants emprisonnés dans des corps adultes ? Avec des envies de pompons pour refaire du manège, des cabanes dans les bois dignes de châteaux, des sirènes et des sorciers ? Des voyages autour du monde, des explorations interstellaires, et des ballades sur d’autres planètes en compagnie d’extra-nous différents ? "L’appel des sorciers" va même plus loin que ça. Il est tout l’état d’esprit de cet auteur multitâche : il suit l’appel des sirènes pour ne plus entendre l’appel des sorciers… Bonne idée.
Bref, Dam Barnum a le talent de créer, composer, chanter, arranger, en sachant montrer le bon côté, et c’est ce qui me plait dans cet album. Quoiqu’en laisse penser la première écoute, il n’oublie ni le temps qui passe, ni les silences, ni les murs qui se lézardent et la poussière qui s’accumule, ni les coups bas et le pas cool. Il paie certainement des impôts et se tient informé de la Kata avec Pujadas. Mais il sait porter ses auditeurs dans the Bright Side de la force !
Et si c’était par la fin que tout commençait ? Parce que si j’avais dit cela au début, vous ne m’auriez pas crue mais prise pour une fan hystérique, alors que ce n’est même pas tellement vrai… Le premier titre est fabuleux, j’attends déjà qu’il soit diffusé par les ondes radioesques, histoire que je puisse en faire profiter ma ville en plus de mes voisins ! "Tu tombes bien, j’ai des colères en attente, et puis des brûlures à cramer, faut voir la tonne de furies impatientes de ne pas se faire oublier…".
N’est-ce pas ? |