Réalisé par Bruno Le Jean. France. Documentaire. 1h36. (Sortie 10 octobre 2012).
Comme cela tombe bien ! Au moment où l'on fête un peu partout Django Reinhardt et qu'on lui consacre une grande expo à la Cité de la Musique, voilà un film plein de couleurs musicales manouches, riche en guitares et en swing et consaré à ceux qui ont pris la relève du grand virtuose.
Bruno Le Jean les a appelés à juste titre "Les Fils du vent" et c'est vrai que pendant 96 minutes souffle un vent de félicité dans nos oreilles et dans nos cœurs.
Comme les Mousquetaires, ils sont quatre bien différents et tous unis par le sang et le rythme. Il y a ceux qui jouent dans la pure tradition manouche, qui cherchent à retrouver ou à faire perdurer le son de Django ; ceux qui ont retenu de lui sa soif d'autres musiques, son goût pour le jazz et son ouverture à toutes les fusions. Il y a les écorchés vifs et les vif argent, les élégants, les cérébraux et les instinctifs. Ceux qui "militent" pour la cause gitane, qui, avec un grand sourire, rêvent d'une utopique "gitanie".
Ceux qui n'ont comme discours que leurs médiators se déplaçant à la vitesse de la lumière sur les cordes de leurs guitares. Ceux qui préfèrent jouer seuls devant la mer immense, la mer qui aime leur musique et leur renvoie les échos de ses vagues comme applaudissements...
Ils ont nom Ninine Garcia, Tchavolo Schmitt, Angelo Debarre, Moreno. Amis proches ou épisodiques, qui, dès que le voyage les rassemble, se saluent de leurs guitares et partent ensemble vers le pays des musiciens fraternels...
C'est peu dire que Bruno Le Jean les a filmés avec amour. Sans doute cède-t-il parfois au défaut du documentaire qui laisse tenir à ses personnages le discours attendu par l'autre, le discours intériorisé qui n'est qu'un reflet de l'opinion de l'autre.
On aurait aimé qu'il aille au-delà de ce discours du nomade qui sème la liberté et récolte la haine.
Peut-être son film aurait-il mérité d'être un tout petit peu plus court, plus concentré sur cette musique qui emporte les hommes de bonne volonté, cette musique qui, comme l'ont déjà montré Tony Gatlif et Emir Kusturica, est le meilleur ambassadeur de la communauté gitane.
Mais tout cela est bien véniel et s'évanouit des mémoires en quelques accords de guitare. Surtout si l'on fait pour une fois référence à l'actualité toute bouillante qui, pour une fois, n'assombrira pas l'envie de jouer de nos Mousquetaires manouches : le Conseil Constitutionnel vient enfin de dénoncer l'inconstitutionnalité du livret qui faisait encore des gens du voyage des citoyens de seconde catégorie...
Que "Les Fils du vent" soient aussi des hommes libres comme les autres aux yeux de la loi, voilà qui devrait faire encore plus swinguer leurs guitares de feu ! |