Concert-récital de Chloé Lacan.
Chez Lacan, en état maniaque, l'objet du désir ne joue plus son rôle, il ne suffit plus à fixer l'attention. Le sujet n'est alors plus "lesté", et se livre parfois à "la métonymie infinie et ludique pure de la chaîne signifiante". C'est Jacques qui disait ceci, et non Chloé.
Chloé Lacan, une ancienne de "La crevette d'acier", ce qui devrait déjà faire dresser les antennes des plus curieux et des plus joueurs, arrive sur scène son piano à bretelles sur des épaules. Elle fait aujourd'hui route en solo.
Durant ces (ses) "Plaisirs solitaires", elle enchaîne les chansons où il est question de solitude, d'amours déçues, mais interprétées toujours sur le mode de la dérision et avec beaucoup de désinvolture. Ses compositions sont une forme de mise à nu dans lesquelles elle se livre de manière très personnelle.
Lacan, Jacques, écrit que "l'hystérique fait l'homme" au sens où l'on dit "faire le clown". Les goûts éclectiques de Lacan, Chloé, la font passer d'un instrument à l'autre, quittant parfois l'accordéon pour le piano ou un ukulélé, et sauter allègrement de la musique d'Europe Centrale à la chanson de variété, en passant par l'opéra ou le jazz.
En plus de ses propres chansons, elle s'approprie avec beaucoup d'humour "Fais-moi mal Johnny" de Boris Vian et Magali Noël, ou "I will survive" de Gloria Gaynor et de l'équipe de France de foot de 98. Son personnage fait du rentre-dedans au public, et érotise le lien entre la scène et la salle.
L'énergie est présente tout au long du spectacle. Chloé Lacan joue avec virtuosité de son instrument dont elle tire souffles, gémissements ou autres bruits divers. Mais c'est d'abord la personnalité de la jeune chanteuse, ses textes drôles, satirique et malicieux qui font que les plaisirs solitaires de Chloé Lacan sont si agréables à partager avec elle. |