Avec "En route vers un avenir radieux", Brigid Pasulka, Américaine descendante d'émigrés polonais, signe un premier roman attachant qui concrétise sans doute de manière fictionnelle sa quête des origines à travers le parcours de vie de deux femmes, une jeune fille et sa grand-mère, qui se trouvent chacune confrontée à une période charnière de l'histoire de la Pologne.
A la fin des années trente, dans un petit village de montagne des Carpates peuplé de familles pauvres mais pas miséreuses qui vivaient en bon entendement avec les villages voisins loin des tumultes de la ville, il était une fois un beau jeune homme amoureux d'une belle jeune fille comme elle était amoureuse de lui. Il est courageux pour le labeur mais timide et tarde à faire sa demande. Ils s'aimeront toujours mais ne se marieront jamais car la guerre frappe à leur porte.
Mais même ce village perdu dans la forêt subira l'invasion allemande puis l'annexion russe. Le temps est fini des réjouissances et à la fin de la guerre les deux amoureux partiront pour Cracovie avec leurs familles pour la grande aventure de la reconstruction et du collectivisme qui promet des lendemains qui chantent.
Un demi-siècle plus tard, à sa mort, sa petite-fille élevée au village, fait le voyage pour Cracovie où hébergée par sa cousine qui vit seule avec sa fille étudiante, elle découvre la Nouvelle Pologne, celle de l'après Solidarność et l'économie de marché qui promet un présent radieux. Mais les valeurs anciennes déboulonnées comme les effigies staliniennes ont explosé, la liberté a un prix, le bonheur ne se distribue pas gratuitement au coin des rues et le pays doit de nouveau se reconstruire.
Malgré ses ascendances polonaises dont rien ne lui a été transmis, même pas la langue, ce qui est étonnant compte tenu de la vivacité culturelle des communautés émigrées aux Etats-Unis, Brigid Pasulka a été élevée à l'américaine et son séjour d'un an à Cracovie est sans aucun doute un peu court pour prétendre relater l'histoire et l'âme d'un peuple surtout quand on y est étranger. Tout au plus peut-elle avoir saisi l'atmosphère de la Pologne du début des années 90.
Aussi faut-il aborder son roman comme une oeuvre romanesque de fiction sur fond de mise en résonance entre deux époques et deux destins autour d'une belle histoire d'amour, un amour unique et éternel de conte de fées même si les deux amants seront à jamais tragiquement séparés et dont la jeune fille va découvrir le secret. |