Comédie de Jean-François Sivadier, mise en scène de Victorien Robert, avec Mathieu Alexandre, Benjamin Brenière, Katia Ghanty, Elise Noiraud, Thomas Nucci et Maud Ribleur.
Imaginez que pour une fois vous soyez sur scène derrière les artistes au lieu d’être en face d’eux, imaginez que vous êtes là pour faire partie des chœurs de "La Traviata" qui se jouera dans quelques jours, imaginez que la diva qui joue le rôle-titre manque à l’appel et que l’ambiance soit on ne peut plus électrique entre tous les participants à ce projet….
Il y a là un metteur en scène qui se pose beaucoup de questions (remarquable Mathieu Alexandre), une pianiste allemande qui ne parle pas un mot de français (Katia Ghanty, parfaite), un chef d’orchestre exalté (Thomas Nucci, incroyable), un chanteur bavard (formidable Benjamin Brenière), une assistante dépassée (Maud Ribleur) et une chanteuse approximative (Elise Noiraud, géante).
Tous ont quelques répétitions pour être prêts pour la première, imminente. C’est le point de départ de cette "Italienne Scène" écrit par Jean-François Sivadier et pensée à l’origine pour sa propre compagnie.
Victorien Robert et Le Théâtre de l’Epopée se sont approprié la pièce, y ont mis leur folie et leur jeunesse pour en faire un divertissement efficace mais sans occulter le fond du propos qui parle avant tout de l’acte créatif, du théâtre et de l’art en général.
Dans une énergie bouillonnante et une jolie mise en scène remarquée au Prix des jeunes metteurs en scène du Théâtre 13, "Italienne scène" propose avec cette mise en abyme réussie truffée de références, des scènes mémorables et jubilatoires (ah… le Boris Godounov sur le toit du village !)
On passe un excellent moment dans cette ambiance survoltée mais pas hystérique, ponctuée de parenthèses oniriques, tenus par l’urgence de la représentation où l’envers du décor amène un nouveau point de vue et des personnages certes grotesques mais souvent à peine exagérés.
La pièce de Sivadier dépeint bien le monde du spectacle, sa vérité et ses caractères aussi touchants que ridicules montrant que tout cela n’est au fond, comme la vie, qu’une grande mascarade.
Belle équipe, bonne soirée. On en redemande. |