Réalisé par Philippe Béziat. France. Documentaire. 1h52. (Sortie 24 octobre 2012).
Voilà un magnifique contre-exemple d’une tendance ennuyeuse et très répandue : celle des documentaires sur des spectacles en pleines répétitions.
En général pompeux et édifiants, ces documentaires très didactiques ne constituent qu’un album de photos en mouvement qui n’intéresse que ceux qui y ont participé.
Le spectateur béat est invité à découvrir pêle-mêle les affres de la création, ses à-côtés, ses grands moments d’émotion, à s’esbaudir devant cette addition de gens extraordinaires. On appelle ça un "making-off" et les DVD en sont remplis.
Avec "Traviata et nous", on est à mille lieues de ces écueils : Philippe Béziat fait œuvre cinématographique quand il filme la Traviata créée par Jean-François Sivadier avec Natalie Dessay au Festival d’Aix-en-Provence. Précis, attentif, il suit la mise en scène en train de se construire, s’attache aux chanteurs, aux chœurs, à la direction musicale de Louis Langrée dirigeant le London Symphony Orchestra.
On est devant un immense puzzle dont chaque pièce abrite un talent extraordinaire. Jean-François Sivadier réussira-t-il à relier toutes ses pièces à l’horizon de la représentation ?
Telle est la question que pose Philippe Béziat dans un suspense musical parsemé d’airs et de musiques de Verdi qui donne une forte envie de voir le résultat final. Grâce aux conversations entre Jean-François Sivadier et Natalie Dessay, on comprendra mieux les tenants et les aboutissants de la tragédie de Verdi, on en saura plus long sur Violetta.
Ici, chacun fait son boulot, s’y dévoue corps et âme pour que le Meccano final tienne debout et soit beau. La méthode Sivadier, qui cherche à éclairer plus qu’à embrouiller, réagit sur le filmage de Philippe Béziat, lui aussi à la tête d’une vraie équipe cinématographique qui s’attache à trouver les angles les plus simples et les plus parlants. On soulignera la qualité de la photo confiée à des "pros" comme Matthieu Poirot-Delpech.
"Traviata et nous" de Philippe Béziat restera comme une vraie réussite du documentaire musical. Déjà remarqué l’an passé avec "Noces", Philippe Béziat poursuit une œuvre délicate et jamais élitiste qui n’a pas pour souci premier d’être pédagogique mais qui suscitera des envies et des curiosités.
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