Si quelques groupes vétérans résistent encore aux années, avec plus ou moins de bonheur, il faut reconnaître que la plupart des autres se font et se défont aussi vite que des couples dans un club échangiste.
Aereogramme, groupe écossais parmi tant, ne déroge pas à cette règle et The Unwinding Hours est donc né sur cet héritage, entraînant deux des membres du groupe précédent dans l'aventure.
Mais trêve d'historique, on vous avait déjà tout dit dans la chronique de leur précédent et excellent premier album.
Dès les premières mesures, on retrouve la patte du duo Craig B et Iain Cook. Guitare planante, voix devant avec son timbre si particulier (même si sur ce premier titre, des souvenirs vagues de Brian Adams remontent à la surface, mais ça ne dure pas). Sombre et dense, l'album n'invite pas particulièrement à la gaudriole. Pour autant, il n'est pas non plus dépressif et ne tombe pas dans le pathos ou la mièvrerie même si la frontière est parfois ténue entre mélancolie et guimauve.
On échappe ici à l'effet Coldplay ("Say my name") grâce à des guitares hypnotiques qui densifient le morceau à la manière de Slowdive, en douceur mais avec intensité sans jamais tomber dans l'usage de distorsion ou de larsen. On échappe aussi à l'effet Placebo ("Wayward") sur lequel la tentation est grande pour Craig B de pousser sa voix vers un maniérisme à la Brian Molko. Mais ça passe sans encombre et au final, on pense plutôt au fantôme des disparus et pourtant prometteurs irlandais de JJ72. La rythmique fait des merveilles et le morceau prend des airs de tubes.
The Unwinding Hours manie avec bonheur les sentiments avec leur musique enveloppante comme une couette tout en insufflant une impressionnante énergie à l'image de "Break" qui ouvre l'album.
Un beau disque de pop shoegaze. Et si le terme n'existe pas, inventons-le pour eux.
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