Comédie de Molière, mise en scène de Daniel leduc, avec Jean-Paul Audrain, Elodie de Bosmelet, Benjamin Bur, Valérie Français, Magali de Jonckheere, Daniel Leduc, Jean-Philippe Molé, Sébastien Nivault, Philippe Roux et Audrey Sourdive.
Dans le cadre de ses spectacles plus particulièrement dédiés au jeune public, mais qui fait aussi la joie des parents accompagnateurs et qui sont recommandables aux adultes childfree, la Compagnie Ecla Théâtre remet à l'affiche de cette saison l'incontournable classique qu'est "Le Malade imaginaire" de Molière.
Aux manettes de cette partition qui réunit une comédie de moeurs, une tragédie familiale, une satire du charlatanisme et la peinture d'un vice au sens du 17ème siècle Daniel Leduc opte pour la pièce dans son jus, en costumes, des costumes joliment troussés par Sophie Taïs, avec une mise en scène alerte qui ne s'appesantit pas sur son caractère burlesque mais fait la part belle à la farce avec une subtile couleur de commedia dell'arte.
Une farce menée par le duo comique que forment l'hypocondriaque Argan, monomaniaque et père égoïste, et sa frondeuse servante Toinette autour de l'intrigue récurrente du mariage forcé.
Egalement sur scène dans le rôle-titre, Daniel Leduc campe un Argan certes tyrannique mais surtout un homme faible, craintif et infantile, plus retors que naïf, qui use habilement de sa maladie pour être le seul centre d'intérêt de son entourage.
Dans le rôle de la servante pleine de bon sens - et de ressources - qui est la vraie maitresse de la maisonnée, Valérie Français, évitant l'accent du terroir comme synonyme du bons sens populaire, est époustouflante et comme la batterie tient la rythmique, elle remplit parfaitement son rôle de moteur de la machine comique.
La distribution, judicieuse, est au diapason pour dispenser un spectacle choral et jubilatoire qui se déroule dans l'antre du "malade", sa chambre, pour laquelle Gérald Ascargorta a conçu un lit singulier qui ressemble à un radeau, avec notamment une voile carrée ornée d'un écorché, voguant au gré des potions et purgations.
Et toutes les péripéties, rondement menées, l'amour romanesque contrarié entre la jeune Angélique (Audrey Sourdive) et le tenace Cléante (Sébastien Nivault), le secret dévoilé par la petite soeur primesautière (Magali de Jonckheere), le défilé des charlatans, les Diafoirus père et fils (Philippe Roux et Benjamin Bur) et l'apothicaire Purgon chantre du clystère (Jean-Philippe Molé), le sermon frontal raté du frère (Jean-Paul Audrain) et l'hypocrisie démasquée de la seconde épouse (Elodie de Bosmelet), s'achèvent en l'amusant ballet au cours duquel le malade est intronisé médecin.
Un dénouement heureux qui récompense la vertu tout en s'accommodant aux "fantaisies" du malade. Car cela n'est que comédie. |