A l'acheminement vers ses ultimes opus de la collection Vendredi 13 - 13 auteurs, 13 romans policiers sur le thème de la date fatidique - publiée aux Editions La Branche correspond une montée en puissance de la qualité d'écriture, du traitement stylistique et de l'originalité de l'intrigue.
Après l'excellent "Tais-toi et meurs" de Alain Mabanckou, voici, dans un autre registre,
"Noctune le vendredi" qui a traversé l'Atlantique et conservé toute sa verve burlesque grâce à la traduction de Pascal Raynal.
S'y est collé Scott Phillips, auteur américain de roman policier "hardboiled", qui livre un démenti au proverbe selon lequel le crime ne paie pas et conforte celui selon lequel mieux vaut être riche et célèbre que pauvre et inconnu.
Le héros, qui répond au nom de Crandall Taylor, est un américain, beau mec, star masculine d'un interminable et inoxydable soap-opéra dans lequel il incarne un séduisant médecin, rôle qui lui a apporté une notoriété mondiale, qui, en vacances à Paris, s'embarque, à cause d'un mensonge de vanité, dans la recherche d'un scénariste et, surtout, d'un producteur pour un long métrage grand public dont il serait la vedette.
Son parcours du combattant, placé sous sa Sainte Trinité personnelle "argent, sexe et adulation" est jalonné de coups de boule et de coups de bite car le playboy du petit écran est un stakhanoviste de la baise entouré exclusivement de bombes sexuelles à forte tendance nymphomaniaque doublé d'un ex-marine expert de l'art de tuer à mains nues qui a été démissionné de l'armée, c'est dire la puissance de son instinct de guerrier.
Même après avoir chassé le naturel grâce aux cours de théâtre qui a canalisé sa rage atavique, il en reste toujours un petit quelque chose qui, allié au cynisme et à l'arrivisme, l'aide à traverser le long fleuve tranquille de la vie en marchant sur le gué formé de ses conquêtes féminines.
Scott Phillips livre un opus bien balancé, un rien rocambolesque, mais ne dit-on pas que la réalité dépasse la fiction, baigné d'une violence glauque et d'un humour à froid roboratif. Peut-être une fantaisie qui se joue sur les codes du genre. |