Philip
Cavanaugh, librettiste de comédie musicale sans succès,
gentil couard, Gilbert Selwynson, l’ineffable gaffeur, éternel
futur romancier, son ami d’enfance avec qui il entretient
une turbulente amitié amoureuse, et la solide et raisonnable
Claire Simmons, son amie musicienne et collaboratrice, forment un
fidèle trio de copains qui se trouve souvent embarqué
dans de cocasses et sombres aventures qui virent aux déconfitures
jubilatoires pour le lecteur.
La dernière en date, écrire le tour de chant pour
le come back d’Elsa Champion, chanteuse de bastringue qui
est devenue l’épouse d‘un gros spéculateur
immobilier et propriétaire d’un hebdomadaire à
sensation, tout en jouant les espions à la solde de l'ennemi
dudit mari.
Mais n'est pas James Bond qui veut et les néophytes se prennent
plus souvent qu'à leur tour leurs gros sabots dans le tapis
en essayant d'y découvrir quelques ragots savoureux.
Joe Keenan, librettiste et scénariste, appartient à
la jeune génération des romanciers américains
qui s’inscrivent dans la tradition du roman de moeurs loufoque
et haut en couleurs à la manière de P. G. Wodehouse,
à qui il est souvent comparé, humoriste anglais devenu
célèbre par l'humour détonnant avec lequel
il dépeignait les aristocrates excentriques de l'époque
victorienne toujours embringués dans des intrigues emberlificotées.
Le ton est insolent et vif, le verbe malicieux et satirique, avec
un sens incontestable de la formule ("Il
faisait une folle si flamboyante qu’on jetait des regards
inquiets vers l’extincteur" - "Pour
lui le boulot est un peu comme un rodéo. Si on insiste lourdement,
il consent à faire un tour de piste, mais il n’a aucune
intention de s’attarder en selle") et l’œil
plein d’humour.
Il croque avec délectation les travers de certains magnats
new yorkais et de leurs petits marquis dont la nullité crasse
et le manque de goût avéré n’ont d’égal
que l’importance de leur compte en banque et leur souci maladif
de notoriété.
Les scènes cocasses se succèdent à un train
d'enfer et impossible d'y résister tant le trait et la plume
sont véloces et aigues. Et on imagine ce que cela donnerait
mis en images....
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