Comédie de Enrica Duchi, mise en scène de Fabrice Eberhard, avec Enrica Duchi, Marc-Antoine Frédéric, Airy Routier et Marie-José Ségarra.
"Je suis seul(e) ce soir", la première pièce d'Enrica Duchi, n'a pas d'autre ambition que d'amuser le spectateur. Et, bonne nouvelle, elle y parvient.
"Jesuisseulcesoir" est le nom d'un site de rencontres. Pour se débarrasser du mari, qui est aussi le meilleur ami de l'amant, le couple illégitime inscrit ce dernier sur ledit site. Mais la rencontre surprise programmée ne se déroulera pas selon le plan prévu.
Sur une trame classique de vaudeville, malgré l'outil moderne du site de rencontres et à l'heure des portables et des textos, Enrica Duchi s'amuse des figures imposées, quiproquos, portes qui claquent, et amants dans le placard.
Le décor très stylisé de Marina Novelli montre des toits d'immeubles haussmanniens, élégamment dessinés en noir et blanc, et laisse imaginer que le bureau dans lequel l'action se joue est situé sous les toits de Paris.
Le rythme imposé aux acteurs par la mise en scène de Fabrice Eberhard participe de la réussite de l'ensemble. Outre l'écriture d'Enrica Duchi qui va à l'essentiel, les entrées et sorties des comédiens qui vont se croiser dans une chambre sous les toits, obligent le metteur en scène à s'adapter à une configuration en cul-de-sac, avec une seule issue. Le rythme soutenu qui en découle dynamise l'ensemble de la pièce.
Quant aux acteurs, Enrica Duchi se moque de son physique dans son texte (jambes trop maigres, trop grosses lèvres). Son personnage, Elisa, complètement insatisfait et hystérique est doté d'une belle énergie. Marie-José Ségarra compose une Adèle vieux-jeu et peu avenante au premier abord.
Marc-Antoine Frédéric ne se départit que rarement d'un flegme qui sied bien à son personnage calculateur et coincé, sauf dans les situations de stress où il est d'autant plus drôle. Quant à Airy Routier, son potentiel comique est évident, au point de lui trouver parfois des ressemblances physiques avec Davy Mourier qui incarne Régis Robert dans "Nerdz".
"Je suis seul(e) ce soir" se révèle donc une pièce agréable et sans prétention, presque classique dans sa forme, aux charmes discrets mais évidents. |