Le Musée de la Poste aime le Street Art. En 2011, l'exposition "Paint B.A.L.", regroupant des oeuvres réalisées dans le cadre d'un exercice de customisation sur le support imposé de la boîte à lettres de la Poste, en présentait un panorama à la fois historique et stylistique.
En 2012, il propose avec "Au-delà du Street Art", toujours sous le commissariat de Céline Neveux, un parcours en onze étapes correspondant une sélection de onze artistes français et étrangers internationalement reconnus.
L'exposition, qui s'ouvre avec les précurseurs français du Street Art que furent, entre autres, Ernest Pignon-Ernest et Gérard Zlotykamien et les pionniers des années 80, Jef Aérosol (suivez la flèche rouge), Jérome Mesnager et son bonhomme blanc, Blek le rat qui a donné son heure de gloire au muridé et Miss Tic, avec sa femme chasseresse d'impostures, illustre le caractère polysémique du vocable Street Art.
En effet, l'art urbain est essentiellement polymorphe et regroupe des pratiques aussi diverses que des artistes singuliers aux univers et les styles très différents dont le dénominateur commun est l'ancrage critique dans la société contemporaine.
Au-delà du Street Art, de la rue au musée : l'Art tout simplement
Aujourd'hui reconnus par le marché de l'art et institutionnalisés par leur entrée au musée, les artistes du Street Art sont, pour l'essentiel et contrairement à une idée répandue sur leur autodidactisme, des peintres d'ateliers formés aux beaux arts ou aux arts plastiques qui utilisent le lieu public non seulement comme galerie à ciel ouvert mais également comme véhicule démocratique de l'art.
Ainsi le sérigraphe, fresquiste et illustrateur américain qui détourne les codes de l'art officiel mis au service de la propagande, Shepard Fairey, toujours présenté comme issu de la scène du skateboard, est diplômé du Rhode Island School of Design, un des principaux instituts artistiques des États-Unis.
Pour cette exposition, ont été sélectionnés onze artistes de la deuxième vague du street art, nés entre 1970 et 1990, présentés de manière didactique, et plus de 70 oeuvres, dont plusieurs installations réalisées spécialement pour l'évènement, réalisées sur une grande variété de supports.
Ainsi, outre le mur, chantre de l'art urbain éphémère, palissades, boites aux lettres et matériaux de récupération se substituent à la traditionnelle toile du peintre.
Cette variété des supports, dans lignée du mouvement Supports-Surfaces, a pour corollaire la diversité des outils et techniques.
Pinceau et peinture sont largement concurrencés par la bombe aérosol, le cutter, le gaffer, le tampon et les pratiques manuelles que sont le pochoir, la gravure, le collage, le graffiti et le papier découpé comme pour l'américaine Swoon, voire même la mosaïque avec les "space-invaders" et les "tableaux-pixel" de Invader, leader du rubikcubisme.
La plupart des artistes du Street Art s'inscrivent dans la filiation de mouvements artistiques : ainsi le lettrisme avec les labyrinthes calligraphiques en noir et blanc de L'atlas et la typographie pour Rero, "le monomaniaque de la typo Verdana".
Affiliation au Nouveau réalisme chez Vhils avec l'utilisation de superposition d'affiches lacérées à la manière du "lacérateur anonyme"
Jacques Villeglé et chez C215 qui réalise ses portraits sur des matériaux de récupération. Leur point commun est de s'inscrire dans une contemporanéité critique face aux dérives de la société.
Tel Ludo, dont le pseudo, Nature’s Revenge, révèle son inspiration et sa démarche, et
Dran et ses dessins proches de l'illustration, de la bande dessinée et du dessin d'actualité.
Héritiers de la contre-culture des années 80, chacun s'inscrit à sa manière dans l'offensive picturale et le brainstorming permanent sur l'état du monde qui usent souvent de la performance-action.
Au rang desquels, le mythique inconnu célébrissime du Street Art, le pochoiriste Bansky, dont le message "anti-système", est clair.
Pour découvrir certains acteurs du Street Art qui est devenu un véritable mouvement artistique international. |