La rencontre a lieu en 2008 à Carhaix, au festival des Vieilles charrues. DJ Zebra, le génial robinet mélangeur de la bande FM, demande s’il n’y aurait pas moyen d’avoir une ou deux cornemuses pour faire l’intro d’un de ses bootlegs… Le bagad du coin débarque en force, ça bouillonne dans la marmite et la magie opère.
Depuis, le zèbre et les bretons se retrouvent périodiquement, développent un petit répertoire de bootlegs, arrosent les festivals et les soirées zébroïdes – on se souvient qu’ils ont déferlé sur l’Élysée Montmartre avant l’incendie. Et puis Zebra se met en tête de composer spécialement pour cette formation. L’album est sorti en octobre et le concert de l’Alhambra a des airs de promo. La salle n’est pas pleine.
Après quelques mesures d’un Misirlou un peu approximatif, on entre dans le vif du sujet avec "Le pouvoir des pierres" (qui aurait pu s’appeler "Orgasme dans le Finistère") une bonne accroche, même si le Cali qui prête sa voix sur l’album nous manque un peu.
Suit un "Grand ouest" peu convaincant… Nous nous regardons dans l’Alhambra, dubitatifs. Bon, c’est sûr que c’est impressionnant cette vingtaine de musiciens derrière Zebra, également affublé d’un trombone (Nicolas Puisais) et d’une trompette (Stéphane Montigny, qu’on a vu chez Dionysos). Ça s’enlise un peu, on se noie dans un Aquarius soi-disant pour les babs. Mais "The unknown soldier" (là, c’est la voix de Tom Hogg qui manque) annonce peut-être un nouveau souffle ?
Zebra cabotine "Paris est la plus grande ville bretonne de France" et "Plus rien ne m’arrête" est le morceau le plus rock de la soirée. Ça y est, ça démarre, Zebra retrouve son public. Suit un "Celtic suckers" potache – c’est dingue comme le biniou sait imiter l’ambulance, et c’est pas comme ça qu’on joue du bodhran – la salle tient bien la houle. Pas moi, ni ma voisine qui remarque alors que le sonneur là, il est en pantoufles !
Pause de Zebra, le Bagad entonne un hymne – c’est vrai que c’est puissant – avant de prendre sa propre pause que Zebra remplit d’un "Naked in Paris" assez sympa. Allez, reviens le Bagad, on va se faire un petit bootlegen live : ça démarre sur un "Fever" classique de Peggy Lee mais soudain, le "Passenger" (lalalalalalalala) d’Iggy Pop vient se couler dessous. Zebra le DJ est de retour, mine de rien. Se glisse là, avant la fausse fin du concert, un morceau plutôt efficace "Vive ma liberté", avec une bonne ligne de tambours bretons.
Le rappel démarre sur une ultime compo, "Gone with the wind", qui merdouille un peu, avant de finir sur ce qui marque le génie de Zebra et qui justifie son pacte avec le Bagad : le "Right here right now" de "Fat Boy Slim", "La marche impériale" de la Guerre des Etoiles (mixée à JoeyStarr) et on entendrait presque quelques mesures des White Stripes mélangées à Cali… Le public adhère, comme une moule sur son rocher. C’est ça qu’il est venu entendre, plus que les compositions originales.
Pour le vrai rappel, juste un "Plus rien ne m’arrête". Et c’est vrai, rien ne l’arrête ce zèbre, il a osé cette alliance gonflée avec un Bagad…
Encore imparfaite (une voix un peu faible, quelques couacs dans l’exécution), elle ne manque pas d’idées (deux ou trois bonnes compositions sur le registre rock, et un mélange inédit et efficace). Impression mitigée, donc.
|