Alynda Lee Segarra vient de Louisiane, de la Nouvelle Orléans en fait et cela s'entend dans chaque note de sa musique. Tête pensante et chantante de Hurray for the Riff Raff, elle réussit le tour de force de remettre l'americana au goût du jour et de lui apporter une fraîcheur que l'on croyait perdu pour toujours, au fond d'un bayou oublié et infesté d'aligators.
Look out Mama est donc le nouvel album d'un groupe qui en compte désormais trois à son actif mais les deux premiers étaient restés dans la confidentialité d'une quasi autoproduction outre-Atlantique. Mélange d'un folk venu du fin fond de racines américaines profondément ancrées dans l'idée que l'on se fait du western et d'une pop plus moderne, ce disque à faire passer l'harmonica, le violon et le banjo pour les instruments les plus rock'n'roll de la terre et la voix de Alynda Lee Segarra y ajoute autant de charme que de charisme. On se retrouve ainsi avec un album qui devrait certes plaire à un public pointu fan d'americana mais aussi toucher un public pas forcément adepte des petites sauteries cowboys au coin du feu.
Alors sont-ce les mélodies à l'évidence communicative, remplies de bonne humeur, le rythme endiablé imposé par une rythmique simple mais omniprésente que ce soit, bien entendu, à la batterie, mais aussi grâce à ce violon que l'on croirait de prime abord par trop caricatural et qui se révèle être une pièce maîtresse des morceaux, ou encore et toujours cette voix oscillant entre une Cat Power en pleine possession de ses moyens et là encore tout ce que l'imaginaire et les idées reçues nous offrent comme étant LA façon de chanter l'americana ? Difficile à dire. C'est en fait l'ensemble de ces ingrédients intelligemment maniés et dosés qui font de ce disque une sacrée belle découverte et une réussite.
"Look out Mama" est la parfaite synthèse de ce mélange. "What's wrong with me" se balade sur les terres des canadiens de Cowboy Junkies et "Ode to John & Yoko" se fait sobre et carressante, tout autant que la voix de Alynda Lee sous le charme de laquelle il est facile de tomber.
"Riley" se fait presque noisy et sombre et est la preuve que le groupe sait faire autre chose que de la musique de feu de camps. On pense aux Walkabouts, un peu même à Nick Cave, inconsciemment. "Little black star" devrait mettre définitivement tout le monde d'accord sur les talents de ce groupe atypique et aventureux qui mérite toute votre attention, au moins sur album, le côté live révélant tout de même un peu plus leurs penchants pour l'americana "pure".
On ne peut que dire Hurray ! For the Riff Raff !
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